Pollution plastique ou industrielle… Grâce à un procédé chimique appelé la catalyse, Ilan Marek, chimiste franco-israélien de 59 ans, veut réduire l’empreinte de l’humain sur la nature. En Israël, un centre pour les processus durables et la catalyse doit voir le jour pour l’aider dans ses recherches.
Depuis quelques années, le professeur Marek, biberonné au CNRS avant de rejoindre le Technion de Haïfa, en Israël, en 1997, invente des molécules et il s’est mis en tête un projet très ambitieux: sauver la planète grâce à la catalyse.
Pour bien fixer l’attention, il rappelle quelques vérités effrayantes. On parle beaucoup de CO2 et d’énergie renouvelables, mais la plus grande catastrophe, selon lui, est ailleurs: le plastique. Sa production annuelle est passée de 1,5 million de tonnes dans les années 1950 à 350 millions actuellement. Seul 9% de ce plastique est recyclé au niveau mondial. Le reste finit dans la nature, se fond dans les océans, s’infiltre dans nos organismes…
Et les solutions trouvées pour réduire notre empreinte carbone sur la planète ne font souvent qu’aggraver les problèmes. « Ce que nous sommes en train de faire avec le lithium est exactement ce que nous avons fait avec le pétrole il y a soixante-dix ans », estime-t-il. Notamment parce que personne ne se préoccupe aujourd’hui de recycler les batteries des nouveaux véhicules électriques. »
Ilan Malek veut donc renverser la table, grâce à la catalyse, en imaginant des méthodes pour rendre plus efficaces une multitude de processus. « Prenez la fabrication du ciment. L’opération est la même depuis 1845, consomme 2% de l’énergie mondiale et génère 8% du CO2. Personne ne se pose de questions alors qu’il serait possible, affirme-t-il, d’imaginer un catalyseur qui permettrait de produire du ciment à des températures de 45 degrés au lieu de 2.500 actuellement. »
Il y a deux ans et demi, l’honorable professeur a toqué à la porte d’Uri Sivan, qui venait de prendre la présidence du Technion. Ilan Marek avait cette idée qui lui trottait dans la tête depuis un moment. Le patron de l’université était à la recherche de nouveaux projets: le centre pour les processus durables et la catalyse est alors né. En tout cas sur le papier. Un nouveau bâtiment devrait sortir de terre d’ici quatre à cinq ans sur le site du Technion. Il abritera des équipements de pointe et une centaine de chercheurs de haut vol. L’équipe sera transdisciplinaire.
De nombreux départements seront représentés: chimie, génie chimique, physique, biologie, biotech, sciences informatiques… En privilégiant les jeunes chercheurs. « J’aurai en permanence avec moi un flux de jeunes gens brillants avec des idées neuves pour changer le monde », assure Ilan Marek, qui espère pouvoir transmettre rapidement à des start-up ou des grands groupes les travaux de son équipe.
Reste à régler les problèmes de propriété intellectuelle. A charge pour lui de boucler le budget de 90 millions d’euros. Un généreux donateur américain apportera 50 millions: Stewart Resnick, un milliardaire qui a fait fortune dans l’agroalimentaire. Depuis plusieurs mois, le professeur parcourt le globe pour trouver d’autres financements.
Source : Challenges