Jérusalem, ville éternelle de la discorde.
Être ou ne pas être la capitale d’Israël. Depuis l’Australie jusqu’au Royaume-Uni en passant par les États-Unis, la question fait polémique… sans rien changer sur le terrain.
C’est reparti. Le statut de Jérusalem fait à nouveau polémique. L’Australie vient d’annoncer mardi qu’elle ne la reconnaissait plus comme capitale de l’État d’Israël. Et cela, au moment même où le Royaume-Uni songeait au contraire à y transférer son ambassade. Dans les deux cas, l’affaire fait des remous – à l’interne comme à l’international. Personne ne peut rester indifférent à la position qu’adoptent les plus proches alliés de Washington.
À se promener dans la ville trois fois sainte, ce débat peut paraître vain. Comme bien d’autres, je me souviens d’être passé devant le parlement israélien, d’avoir aperçu le siège du gouvernement, des ministères, les administrations… Tous les attributs d’une capitale sont là. Et puis, on circule sans vraiment réaliser à quel moment on entre dans la partie orientale, conquise en 1967 et annexée en 1980 – en pleine violation du droit international selon l’ONU. Pour l’État hébreu, Jérusalem est une et indivisible. Pas question de laisser un futur État palestinien en faire, lui aussi, sa capitale.
C’est ce qui avait poussé les ambassades étrangères à s’installer à Tel-Aviv, en attendant qu’un beau jour un accord entre Israéliens et Palestiniens règle enfin le statut de Jérusalem. La plupart des ambassades, mais pas toutes. En 2018, Donald Trump a officiellement transféré celle des États-Unis dans la ville éternelle. Le Guatemala, le Honduras et le Kosovo ont suivi…
L’Australie, elle, a opté cette année-là pour une solution plus subtile. Canberra a reconnu Jérusalem pour capitale, mais seulement dans sa partie occidentale. Quant à son ambassade, elle reste à Tel-Aviv… en attendant la paix. Cette décision symbolique avait été annoncée par l’ancien premier ministre conservateur Scott Morrison à une semaine du scrutin législatif.
Pour Penny Wong, actuelle ministre travailliste des Affaires étrangères, il ne fait aucun doute qu’il s’agissait d’une manœuvre électoraliste pour favoriser un candidat conservateur en lice dans une circonscription de Sydney à forte population juive. Suite à l’arrivée au pouvoir des travaillistes en mai dernier, l’Australie a repris sa position antérieure… provoquant les foudres d’Israël.
«À Jérusalem, la seule chose qui a vraiment changé en 2018 dans les bureaux dont disposaient déjà les États-Unis, c’est la plaque vissée à l’entrée.»
À Washington, le Démocrate Joe Biden a été plus prudent. Il n’a pas pris le risque de fâcher les électeurs juifs ou évangéliques et n’est donc pas revenu sur la décision de Trump. Mais l’essentiel du personnel diplomatique reste basé à Tel-Aviv et le projet de construction d’une nouvelle ambassade américaine est au point mort. À Jérusalem, la seule chose qui a vraiment changé en 2018 dans les bureaux dont disposaient déjà les États-Unis, c’est la plaque vissée à l’entrée.