Les mots fusent, claquent, sans compromission et sans filtre, sur la scène de KED, une salle de spectacle dans la zone industrielle de la Quarantaine, à Beyrouth. Seule en piste, Shaden Fakih tient l’assistance, forte en gueule, imposante.

Rien ne résiste à son regard critique, à sa langue acérée : les luttes intestines entre politiciens, le communautarisme étriqué, le conservatisme religieux et le patriarcat, les tabous de l’homosexualité ou de la sexualité féminine.

Avec un humour décapant, volontairement choquant, la jeune femme déballe ses histoires et ses luttes personnelles pour mieux épingler les travers et les hypocrisies de la société libanaise et de ses dirigeants. Tout le monde en prend pour son grade. Les spectateurs sont pris à partie. Ils ont été prévenus : « Si vous êtes facilement offensé, ce spectacle n’est pas pour vous », assène un carton posé sur les tables.

Le public est justement venu pour cela, déjà conquis ou simplement curieux du phénomène Shaden. Quatre amis dans la vingtaine ont fait deux heures de route depuis Tripoli, au nord. Une table de jeunes quadras de Beyrouth, toutes apprêtées, rit aux avances que leur fait la comédienne. Les hommes de la table voisine ont mis un peu plus de temps à se dérider ».

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