Le high-tech israélien ferait-il connaissance avec la crise ? C’est évidemment la première question qui vient à l’esprit au vu des quelque 500 suppressions d’emplois annoncées pour la seule journée de dimanche dans le secteur de la haute technologie.

Alors, les deux entreprises qui ont licencié respectivement 120 et 400 employés n’ont pas coordonné leur décision, mais c’est le total qui a attiré l’attention, alors que depuis bientôt deux mois, des startups ont déjà commencé à débaucher près de 3.000 personnes. Et le mois de juillet pourrait totaliser jusqu’à 2.000 licenciements. Dans ce secteur, on le sait, le turnover est toujours important et ceux qui quittent une entreprise sont rapidement recrutés par une autre. Mais là, il se passe autre chose.

L’an dernier, les entreprises israéliennes cotées au Nasdaq de New York ont levé plus de 35 milliards de dollars. Un record historique. Mais depuis elles ont perdu en moyenne 50% de leur valeur. Et aucune entreprise ne semble à l’abri, puisqu’on licencie aussi bien dans les sociétés à haut risque que dans les licornes. Et dans ces sociétés valorisées à plus d’un milliard de dollars et dont Israël détient le record mondial, si on ne s’affole pas, on commence tout de même à réduire la voilure. On recrute avec plus de mesure, et les salaires proposés ont arrêté de crever les plafonds. Selon les chiffres du Bureau Central des Statistiques, le salaire moyen dans le high-tech a baissé de 8% depuis le mois de février. Cela dit, on reste encore très en deçà de ce qui s’était produit au début de la pandémie de Covid, y compris d’ailleurs à l’échelle mondiale.

Pour les analystes, le phénomène actuel est de deux ordres. Il y a les entreprises qui licencient parce qu’elles n’ont pas d’autre choix et celles qui profitent de la conjoncture pour changer de modèle économique. Et encore, ce sont surtout les professions connexes qui sont touchées – administratif, commercial, marketing – alors que les informaticiens et ingénieurs eux, sont à peu près assurés de retrouver un emploi ailleurs. Le secteur du high-tech israélien emploie environ 400.000 personnes, dont un peu plus de la moitié a une qualification technologique. Et les projections évoquent de 10 à 15.000 suppressions d’emplois supplémentaires dans les mois qui viennent.

Alors, il y a certainement un effet de rééquilibrage, dans un secteur qui génère aussi beaucoup de fantasmes sur une rentabilité rapide et un retour sur investissement exponentiel. Mais il faut aussi prendre en compte le rebond de l’inflation et la crainte d’une récession, qui refroidit les investisseurs. Et le phénomène est mondial, puisque des entreprises étrangères ont elles aussi commencé à licencier, y compris dans leurs antennes israéliennes.

En Israël, le secteur du high-tech reste non seulement une locomotive économique, mais un eldorado pour les salariés, qui sont toujours nombreux à vouloir y entrer. Et on constate d’ailleurs aussi un changement de comportement chez les personnels recrutés, qui au moment de l’embauche, s’intéressent plus à la stabilité de l’entreprise qu’au niveau de leur salaire. Il y a quelques mois, le gouvernement israélien rêvait de voir un million de ses citoyens travailler dans le high-tech. Il faudra réviser cet objectif à la baisse, en tout cas pour les mois qui viennent et en attendant une stabilisation de l’économie mondiale.

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Pascale Zonszain

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