Samuel Bendett, un expert en armement, a déclaré au journal en ligne Breaking Defense que la Russie et l’Algérie seraient disposées à conclure des achats pour les nouveaux chasseurs Su-75 Checkmate dès que les premiers lots d’exportation seront prêts.
L’analyste du CNA, un centre américain d’études internationales, a déclaré que le besoin de la Russie de liquider ses exportations en raison de la guerre en Ukraine et la course aux armements dans laquelle l’Algérie est impliquée en concurrence avec le Maroc augurent un tel scénario.
Bendett fait référence au dernier chasseur multirôle doté de la technologie furtive conçu par le constructeur russe Sukhoi, dont les premiers vols d’essai sont prévus pour 2025. Selon les données officielles du fabricant, les premières exportations sont attendues en 2029, après avoir rejoint les forces aérospatiales russes.
Le Sukhoi-75 Checkmate est le dernier grand pari de l’avionneur pour surpasser le F-35 américain de Lockheed Martin. Sa conception devrait permettre de corriger les défauts du Su-57 de production, qui est devenu trop cher et dont le système de furtivité présente des lacunes. Le Su-57 est aujourd’hui largement critiqué pour ces défauts, ainsi que pour ne pas avoir été repéré lors de la guerre d’Ukraine, prétendument en raison de son manque de fiabilité.
Bendett affirme également qu’il ne serait pas surprenant que l’Algérie bénéficie de certaines incitations de la part de la Russie pour acheter un lot de ces Su-57, dont certains composants ont été améliorés.
La force de chasse de l’Algérie est entièrement composée d’avions de fabrication russe, comme la quasi-totalité de ses moyens dans les autres forces. L’Algérie a pris l’habitude d’acquérir des systèmes d’armes russes et de les moderniser progressivement avec des systèmes français, avec lesquels elle coopère également dans le domaine de l’armement.
Actuellement, le chasseur de supériorité aérienne le plus récent de l’Algérie est le Su-30, un appareil également utilisé par les forces aériennes vénézuéliennes, malaisiennes et indiennes, par exemple.
Le Su-57 permettrait à l’Algérie d’obtenir un net avantage aérien sur le Maroc, qui s’appuie principalement sur une flotte de F-16 fournis par les États-Unis. Si certaines rumeurs laissent entendre que le Maroc serait à la recherche des F-35 tant convoités, il est peu probable qu’ils fassent partie de l’arsenal marocain dans les années à venir. Selon des sources officielles, le Maroc n’a fait aucune demande formelle pour acquérir ces chasseurs à technologie furtive qui concurrencent directement, voire surpassent, le Su-57.
Le scénario le plus probable est que le Maroc s’efforcera d’atteindre ses objectifs de supériorité aérienne grâce aux versions les plus évoluées du F-16 Block 70. Le Maroc a déjà conclu des achats pour exploiter cette version du chasseur Lockheed Martin qui ont été approuvés par le Congrès des États-Unis. Selon les analystes militaires, les versions améliorées des F-16 constituent une option très compétitive et viable en termes de rapport qualité-prix pour les économies de second rang comme le Maroc.
En termes de défense aérienne, le Maroc dispose de systèmes Patriot américains efficaces, ainsi que d’un accord avec Israël pour exploiter le système Iron Dome, le plus fiable et le plus fréquemment utilisé en situation de guerre réelle.
La course aux armements entre l’Algérie et le Maroc n’est pas nouvelle, mais elle s’est intensifiée en 2021 avec la détérioration des relations entre les deux pays, lorsqu’Alger a coupé les ponts diplomatiques avec Rabat. Une grande partie de ce conflit découle de l’adhésion du Maroc aux accords d’Abraham et de sa normalisation progressive des relations avec Israël. La question du Sahara occidental et les dernières évolutions de ce conflit ont exacerbé la situation avec des accusations d’espionnage et d’ingérence dans les politiques internes de l’autre partie.
Les deux pays se classent au premier rang pour les dépenses militaires par rapport à leur produit intérieur brut. L’Algérie, qui consacre 5,6 % de son revenu brut à la défense, se classe cinquième, tandis que le Maroc est dixième sur la liste avec 4,2 % de son PIB consacré aux dépenses militaires.
Source : Atalayar