Le Liban vit depuis 2018 une crise économique sans précédent. La livre libanaise a perdu 95% de sa valeur, le prix des produits de première nécessité a été multiplié par 10 et le PIB du Pays des Cèdres est passé, selon la Banque Mondiale, de 55 milliards en 2018 à 19 milliards en 2021.

Le 4 août 2020, une déflagration dans le port de Beyrouth faisait 214 morts et plus de 6 500 blessés, dévastant des quartiers entiers de la capitale libanaise. L’enquête piétine toujours. Aux séquelles de ce drame, s’est ajouté la pire crise économique de l’histoire du pays. Aucune réponse de la part du gouvernement ne voit le jour. Le pays reste englué dans un système politique confessionnel « dépassé » selon Alex Issa, docteur associé au Centre de recherches internationales (CERI) de Science Po et spécialiste du Liban.

Le Liban n’importe presque plus. Beaucoup de produits ont disparu des rayons. Qu’ils s’agissent de produits de première nécessité comme les médicaments ou le lait pour les enfants, ou d’accessoires de luxe. Dans les grands magasins, l’équivalent des Galeries Lafayette au Liban, les stands de parfum comme Dior sont vides.

Par ailleurs, l’envoi d’argent de la diaspora ne sert pas à grand-chose dans la mesure où actuellement, les retraits bancaires sont très limités. D’autant plus que les banques font partie de « l’équipe mafieuse » avec les bureaux de change et la classe politique. Il y a de nombreux soupçons sur le fait que l’argent placé en banque a disparu, utilisé par les politiciens.

LE FIGARO. LIBAN. Le système du pays ne tient qu’à un fil, celui de la diaspora, dont les aides financières en devise préservent de la misère les familles restées au Liban.

Le sergent R. a déserté les rangs de l’armée libanaise en août. Durant un mois, il a essayé d’obtenir un passeport pour partir à l’étranger ou de trouver à Beyrouth un emploi mieux rémunéré. De guerre lasse, ce membre des Forces de sécurité intérieure (FSI) a réintégré son unité et écopé d’une peine de cachot.

«Cinq de mes camarades de régiment sur 80 manquent à l’appel. Le moral des troupes est au plus bas», assure le sous-officier. Sa solde de 1,5 million de livres libanaises valait avant la crise l’équivalent de 1000 dollars. Elle correspond aujourd’hui, au cours réel des devises, à 70 dollars.

Le sergent, âgé de 29 ans, habite chez sa mère. Il a renoncé à se marier, à trouver un appartement, et cherche sans succès à vendre sa voi-ture. «Les trois quarts de mes camarades ont un second métier hors service avec l’aval de leur hiérarchie», précise-t-il. Ils forment une armée parallèle de coursiers et de livreurs en scooter.

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