L’écrivain et ancien diplomate Vladimir Fédorovski, invité dimanche soir du Grand Oral des GGMO sur i24NEWS, s’est exprimé sur l’invasion de la Russie en Ukraine, Vladimir Poutine mais aussi les tentatives de médiation du président français Emmanuel Macron et du Premier ministre israélien, Naftali Bennett.
« Il s’agit d’un des moments les plus dramatiques de l’Europe », a déploré Vladimir Fédorovski évoquant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, une opération lancée le 24 février.
Trois solutions se présentent à nous, selon lui.
« La première, la plus dramatique, est la 3e Guerre mondiale, et je ne l’exclus pas du tout », a averti l’ancien diplomate.
Le deuxième dénouement à la crise en Ukraine est lié aux sanctions qui déferlent contre Moscou, mais « les Russes ont vécu dix fois moins bien sous (Boris) Eltsine, à présent ils vont perdre la moitié de leur pouvoir d’achat mais ils vont survivre ».
Mais M. Fédorovski a surtout tenu à « saluer le président Zelensky qui a donné des idées de compromis, ainsi que la médiation du président Macron, s’il réussit je vous prédis qu’il recevra le prix Nobel de la paix ».
Une guerre civile ou entre deux Etats indépendants?
« Nous sommes surtout dans une perspective d’une nouvelle guerre froide », a estimé l’écrivain, « il y aura un rideau de fer, la constitution de deux blocs avec la Russie et la Chine d’un côté et l’Occident de l’autre ».
« Je suis complètement bouleversé du fait de mes deux origines » a dit M. Fédorovski, de père ukrainien et de mère russe, « et du fait de mon engagement autrefois en faveur de la liberté ».
« C’est un enfant de la rue quasi abandonné, formé par la pègre de Saint-Pétersbourg jusqu’à l’âge de 13 ans, et la pègre là-bas a ses règles », a-t-il expliqué.
« Il faut aller jusqu’au bout, ne jamais reculer, c’est la clé de son attitude aujourd’hui, il a sa propre logique, il n’est pas fou, et il ne recule jamais », a-t-il affirmé.
Vladimir Poutine est aussi un « grand champion de judo, et il bouscule les adversaires avec ses astuces, la force de l’adversaire devient la clé de sa propre victoire ».
Il a par ailleurs été « formé comme espion, il travaille avec les chefs d’Etat comme avec ses agents », a poursuivi l’écrivain. Mais il a « sous-estimé la résistance des Ukrainiens dans les régions russophones, notamment à Kharkiv », a noté M. Fédorovski qui a déjà rencontré le président russe.
Des accords de Jérusalem en 2022?
« Je le souhaite passionnément! », s’est exclamé Vladimir Fédorovski, saluant « les efforts du Premier ministre israélien », qui tente une médiation entre les deux parties, se rendant même le jour du Shabbat à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine.
« C’est un énorme courage », a commenté M. Fédorovski, martelant qu’il n’y a pas d’autres issues que les négociations, « parce que les Russes vont supporter les sanctions, je ne suis pas certain que les Occidentaux supporteront le gaz dix fois plus cher, le choc pétrolier, ou la crise en Allemagne ».
L’approche de la diplomatie israélienne est « très différente » des autres diplomaties, a par ailleurs jugé l’ancien diplomate.
« Israël est loyal envers les Etats-Unis, mais depuis des années il a établi des rapports de confiance avec les Russes », a-t-il rappelé, notant que les Israéliens sont toutefois « lucides, s’il y a des sanctions, cela fera le bonheur de l’Etat hébreu parce que tous les capitaux russes seront investis en Israël ».
« Plus on livre des armes, plus l’Europe sera impliquée », a souligné Vladimir Fédorovski, mettant en garde contre « une perspective de dérapage ».
« C’est pourquoi je prône l’urgence à agir pour arriver à un certain compromis, parce que l’alternative et la durée de ce conflit sont absolument imprévisibles », a-t-il prévenu.
« Le monde sans la Russie ne m’intéresse pas » a dit Poutine, et c’est une phrase qui en dit long », a signalé l’ancien diplomate.