BRESIL. S’il n’en restait qu’un, ce serait lui. A 80 ans, Ruy Flaks Schneider est intarissable lorsqu’il s’agit de chanter les louanges du président brésilien, Jair Bolsonaro, pourtant en chute libre dans les sondages.
Le Monde :
« C’est un homme sympathique, qui a mis fin au gouvernement corrompu de la gauche, et qui subit une campagne de diffamation infâme », explique ce Carioca, tiré à quatre épingles, moustachu, costume trois-pièces et boutons de manchettes dorés.
Président du grand temple israélite de Rio, « Ruy » veille sur la plus grande et la plus belle synagogue de la ville, un édifice néo-mauresque, tout de coupoles et de tourelles, installé dans le centre-ville. Il rappelle à qui veut l’entendre : « Nous, les juifs brésiliens, nous n’avons jamais connu meilleur moment. Bolsonaro nous aime. Il est un ami naturel d’Israël et s’identifie à ce pays. »
Fin de la « lune de miel » avec la communauté juive.
Mais derrière l’assurance perce une inquiétude. En cause : une polémique, qui vient d’ébranler la communauté. Le 22 juillet, Bolsonaro a reçu à Brasilia, tout sourire, la visite de la députée allemande Beatrix von Storch. A 50 ans, l’élue est non seulement vice-présidente du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) mais aussi et surtout la petite-fille de Johann Ludwig von Krosigk (1887-1977), ministre des finances d’Adolf Hitler.
L’événement a immédiatement déclenché l’émoi. « Le bolsonarisme ne cache plus ses sympathies », a tweeté l’organisation de gauche Juifs pour la démocratie, torpillant une AfD « aux racines liées au nazisme et ouvertement xénophobe ». Elle a été rejointe par les responsables du Musée de l’Holocauste et par la Confédération israélite du Brésil (Conib). « Cette visite nous préoccupe beaucoup, explique Cláudio Lottenberg, le président de cette confédération. Elle renvoie aux moments les plus sombres de notre histoire. »
L’épisode est venu mettre fin à une forme de « lune de miel » entre Jair Bolsonaro et la communauté juive. Le président du Brésil est depuis longtemps un admirateur éperdu d’Israël, dont il vante le patriotisme et la « valorisation des forces armées ». Il a savamment mis en scène sa relation avec son « grand ami » Benyamin Nétanyahou, l’ancien chef du gouvernement de l’Etat hébreux.
Surnommé le « Hitler de Brasilia ».
Pas une manifestation en faveur de Jair Bolsonaro où ne surgisse une flopée de drapeaux frappés de l’étoile de David. « Le Brésil n’abandonnera jamais Israël et les Juifs », a répété Bolsonaro en juin. Diverse, issue de l’immigration hispano-portugaise, hollandaise, ashkénaze ou séfarade, la communauté juive brésilienne n’est pourtant pas une importante force électorale : elle ne compte que 120 000 membres, soit à peine 0,06 % de la population.
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