Avraham Burg, 66 ans, a assisté aux premières loges à cette descente aux enfers. Fils d’un des pères fondateurs de l’État hébreu, cette figure travailliste a décroché son premier mandat de député en 1985, puis présidé la Knesset en 1999. Retiré de la politique depuis 2004, il porte un regard acerbe sur sa famille politique.
« Il n’y a jamais vraiment eu de gauche en Israël »
Je garde les mêmes convictions qu’à mes débuts en politique : la séparation de l’État et du religieux, et la fin de l’occupation »
, dit celui qui est issu d’un foyer religieux et dont le judaïsme est l’un des principaux axes de recherches de sa carrière académique. En fait, je pense qu’il n’y a jamais vraiment eu de gauche en Israël. Partout dans le monde, la gauche s’organise autour de trois axes : sécularisation de la sphère publique, justice dans la distribution des ressources et égalité pour tous. En Israël, la seule chose qui différenciait gauche et droite, c’était la volonté de trouver un arrangement avec les Palestiniens.
Attention, nuance-t-il, Rabin n’était pas un
peacenik » et beaucoup, dans notre camp, ne veulent la paix avec les Palestiniens que pour s’en débarrasser et sauvegarder la pureté juive d’Israël, pas vraiment un idéal de gauche…
Aujourd’hui, la nature du débat a changé : Pour une grande majorité d’Israéliens, il n’y a plus de solution possible à deux États. La discussion porte sur : quelle solution à un État veut-on ? Celle qui existe avec deux régimes inégalitai
res entre juifs et non juifs, ou un seul régime avec égalité des droits pour tous.
« Israël pour les juifs ou Israël pour tous ses citoyens »
Pour Avraham Burg, le renforcement des éléments plus conservateurs, plus religieux et plus nationalistes dans la société israélienne porte en germes un affrontement futur entre deux visions : Israël pour les juifs ou Israël pour tous ses citoyens.
L’ancien président du Parlement n’est pas forcément pessimiste : Les efforts que je mène avec mes collègues pour plus d’intégration de la minorité arabe dans la vie politique portent leurs fruits.
Une minorité qui pèse 20 % des citoyens d’Israël.
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