EDITORIAL DE DR. Benny Gantz a été l’homme qui a surpris tout le monde durant les élections. Sa défaite garantie et assurée à 100% par les sondages a été la Fake news des élections. Il peut se retrouver comme faiseur de roi. Bibi Netanyahou le sait parfaitement. Ayant étudié en profondeur et en apnée et depuis des années le mode fonctionnement du Likoud, je peut garantir aux lecteurs d’IsraelValley une chose : les membres associés à Bibi Netanyhou sont en train de « convoquer » un à un les vainqueurs déjà élus à la Knesset pour leur faire des propositions afin de changer de camp. Orchestré par Bibi lui même cette « opération séduction » marche avec un taux de succès très élevé!

Le coeur de l’approche sera certainement le parti de Beny Gantz et celui de Gidon Saar. Dans le parti de Beny Gantz, une femme a le pouvoir de faire changer les choses . C’est Pnina Tamano-Shata. Elle va être littéralement harcelée par Bibi Netanyahou et son équipe qui ne vont rien lui refuser.

Voilà ce qu’écrivait Jeune Afrique à son propos avant les élections : « Elle est la première représentante de la minorité falasha à accéder au Parlement de l’État hébreu. Mais elle ne se bat pas seulement pour défendre sa communauté.

Il n’est que 7 heures du matin, mais elle jaillit d’un pas pressé du hall de son immeuble de Petah Tikva, la grande banlieue-dortoir de Tel-Aviv (Israël). « Elle est toujours en retard », s’agace son époux, Zion, un peu résigné, qui patiente depuis une dizaine de minutes avec leurs deux enfants en bas âge.

Depuis le 22 janvier, Pnina Tamano-Shata, 31 ans, est l’un des nouveaux visages de la classe politique israélienne. Son parti, Yesh Atid (« Il y a un futur »), dirigé par le centriste Yaïr Lapid, a créé la sensation des élections législatives en raflant 19 sièges à la Knesset, le Parlement israélien. Placée en 14e position, elle est la première femme d’origine éthiopienne à accéder au rang de député.

Sa Ford Mondeo noire flambant neuve est le seul signe apparent de son nouveau statut. Sans que cela ne lui fasse perdre le sens des priorités. En bonne mère de famille, Tamano-Shata prend toujours le temps d’accompagner sa progéniture à la crèche, s’arrête pour discuter avec parents et institutrices, et même, en amharique, avec le concierge, d’origine éthiopienne. « Il y a toujours des écoles qui n’acceptent pas des enfants à cause de leur couleur de peau », rappelle-t-elle, comme pour signifier le sens de son combat.

Autrefois, le gouvernement israélien imposait d’envoyer les enfants de la communauté falasha dans des pensionnats, loin du foyer familial, afin qu’ils ne ressentent pas la détresse économique. « Nous vivions dans une pauvreté extrême, et notre installation en Israël n’a pas été facile », se souvient Tamano-Shata, native du village de Seba, dans la région Oromia, en Éthiopie. Son immigration en Terre promise date de 1984, l’opération Moïse ayant alors permis le rapatriement clandestin de 8 000 Juifs éthiopiens depuis le Soudan.

Femme engagée, Tamano-Shata a sans doute hérité des gènes de Kais Shato, l’un des grands leaders spirituels de la communauté falasha, dont elle est la petite-fille. « J’ai très vite basculé dans le monde adulte. Mes parents ne parlaient pas hébreu, alors j’étais leur porte-voix dès qu’ils se rendaient dans une administration pour y réclamer leurs droits. Chaque fois qu’on leur manquait de respect, j’étais là pour les défendre », raconte-t-elle.

Adolescente, elle mène son premier combat après le scandale du « sang éthiopien ». En 1996, lors d’une opération nationale de collecte, le centre israélien de transfusion sanguine fait jeter tous les dons des immigrants d’Éthiopie de crainte qu’ils ne soient porteurs du sida. Humiliée, en colère, la communauté falasha organise un immense rassemblement à Jérusalem, devant les bureaux du Premier ministre, qui dégénère en heurts avec la police.

Le militantisme de Tamano-Shata se confirme au fil des années, inspirant son parcours académique. Outre accéder à la tête de l’union des étudiants juifs éthiopiens, elle décroche un diplôme d’avocat. C’est pourtant en tant que journaliste, sur le plateau de la première chaîne de télévision israélienne, qu’elle entame sa carrière, en 2006. « Quand vous travaillez pour un média, il faut être objectif, et ça n’a pas toujours été facile. Je me rappelle qu’on m’avait demandé de couvrir une grande manifestation contre le racisme anti-Éthiopiens, à Kyriat Malachi. Peut-être que d’autres journalistes auraient apprécié. Moi, j’ai pris des congés pour aller manifester. »

Finalement, Pnina Tamano-Shata a trouvé son équilibre à la Knesset, où elle admet « se sentir à sa place ». Certes, avec ses interminables couloirs sans issue, ses passages secrets et ses sous-sols, le Parlement israélien est encore un labyrinthe pour la jeune députée israélienne. Mais l’intéressée se plaît à passer d’une commission à l’autre, à multiplier les rendez-vous du matin au soir, parfois jusqu’à l’épuisement. « Je suis là pour faire avancer les choses », affirme-t-elle dans son bureau encore bien vide, où seul un drapeau bleu et blanc flanqué d’une étoile de David vient rappeler l’importance des lieux.

Au cours d’une campagne fortement marquée par les problématiques sociales, la jeune femme s’est vu courtiser par de nombreux partis institutionnels, à l’instar des travaillistes. Refusant, toutefois, d’être leur « caution éthiopienne », Tamano-Shata a opté pour le changement avec la formation Yesh Atid, pressentie pour entrer dans la future coalition de Benyamin Netanyahou. « C’est certain, on est avant tout le porte-drapeau de sa communauté, de ce qui est cher à notre coeur. Mais du fait de mon vécu, je peux promouvoir l’égalité des chances dans la société israélienne. Et à mon grand regret nous en sommes encore loin ».

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