Israël rouvre son économie, alors que plus de 55% de sa population a reçu le vaccin. Ran Balicer, le chef du comité national d’experts et conseiller spécial du gouvernement israélien, tire un premier bilan de la campagne.

En deux mois et demi, Israël a vacciné plus de la moitié de sa population contre le Covid-19. Ce résultat permet aux autorités de relancer l’économie du pays, après un troisième confinement provoqué par le variant britannique. À partir de dimanche, les restaurants et les cafés rouvriront. Une partie des élèves retourneront en classe. Certains lieux, comme les restaurants sur réservation et les parcs d’attractions, ne seront ouverts, dans un premier temps, qu’aux détenteurs d’un « passeport vert », un certificat numérique de vaccination.

« Les données montrent que le vaccin réduit de manière significative la transmission du virus et la mortalité », dit Ran Balicer, président du comité national d’experts sur le Covid-19 et conseiller spécial du gouvernement israélien. « À présent, 55% de la population est vaccinée. Nous atteindrons 60% dans deux semaines. Nous rouvrons l’économie en suivant la procédure du ‘passeport vert’ et en maintenant les règles de distanciation. »

« Nous voyons clairement une chute des hospitalisations pour des cas sévères de la maladie depuis la mi-janvier. »

Selon les données les plus récentes, 4,8 millions d’Israéliens ont reçu une dose de vaccin. Plus de 3,2 millions de personnes ont reçu une double dose à une semaine d’intervalle, ce qui leur permet d’obtenir le « passeport vert ». Environ 80% des plus de 55 ans sont vaccinés.

La formule la plus souvent injectée est celle de Pfizer/BioNTech, efficace à 95%. « Nous voyons clairement une chute des hospitalisations pour cas sévère depuis la mi-janvier », précise Ran Balicer. Mais il se refuse de tout expliquer par la seule vaccination. « Il est difficile pour l’instant de différencier l’effet du vaccin de celui du confinement », reconnaît-il.

Pourquoi la campagne fonctionne

Centralisation des stocks de vaccins, unité mobile de vaccination, transparence, digitalisation des données médicales… L’expert attribue la réussite de la vaccination à plusieurs facteurs, tout en soulignant la spécificité de la population israélienne, « plus dense et plus jeune » que celle des pays européens.

« La digitalisation complète de notre système de santé a permis d’identifier les populations les plus sensibles et d’organiser les rappels. »

« Nous avons basé notre campagne sur la communauté des cliniques et les organismes d’assurance maladie« , dit-il. « La digitalisation complète de notre système de santé a permis d’identifier les populations les plus sensibles et d’organiser les rappels ».

Les autorités israéliennes ont ciblé les groupes par tranches d’âge. « L’approche la plus rationnelle est de vacciner d’abord les plus âgés, le personnel de soins de santé, les personnes vulnérables, ensuite les plus jeunes. Si c’était à refaire, je ne changerais rien à cet ordre », poursuit-il.

« Il faut être excessivement transparent dans la communication. Quand on sait quelque chose, on le dit, quand on ne sait pas, on le dit aussi. Il faut éviter la perte de confiance. »

La planification des vaccinations se fait par téléphone mobile. Pour assurer une couverture intégrale, un « call center » est chargé d’appeler individuellement les plus de 70 ans.

L’un des principaux problèmes d’une campagne de vaccination est l’adhésion de la population. « Il faut être excessivement transparent dans la communication. Quand on sait quelque chose, on le dit, quand on ne sait pas, on le dit aussi. Il faut éviter la perte de confiance », martèle Ran Balicer. « Le rôle des médias pour donner une image positive de la vaccination a été également déterminant ».

La communauté arabe vaccinée à 40%

« Nous avons sensibilisé les chefs religieux musulmans. Nous comptons sur la période du ramadan pour accélérer la campagne de vaccination. »

« Nous avons démarré la campagne un peu plus tard. Aujourd’hui, 40% de la population arabe en Israël est vaccinée, dont 80% des plus de 60 ans », explique Aiman Saif, coordinateur de la campagne de vaccination dans la communauté arabe. « Nous avons sensibilisé les chefs religieux musulmans. Nous comptons sur la période du ramadan pour accélérer la campagne de vaccination. »

Les autorités juives ultra-orthodoxes ont également été sensibilisées. « Ce qui a produit un effet partout dans le monde où se trouve cette communauté », dit Ran Balicer.

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