A Lod, pas besoin d’ennemis pour partir dans la fleur de l’âge. Située à une trentaine de kilomètres de Tel-Aviv, cette ville est l’une des plus dangereuses d’Israël. «Le taux de crimes y est dix fois plus élevé que la moyenne nationale», précise l’activiste arabe israélienne Samah Salaime.

L’association Na’am, qu’elle a fondée en 2009, vient en aide aux femmes arabes, particulièrement touchées par les violences. Ainsi, 50% des féminicides répertoriés en Israël sont commis dans cette communauté alors qu’elle ne représente que 21% de la population. Une inégalité que Samah Salaime refuse d’imputer au conservatisme et au sexisme. «Si c’est notre culture le problème, il faut m’expliquer pourquoi le nombre de féminicides est bien moindre en Cisjordanie qu’en Israël», lance-t-elle.

Prolifération d’armes à feu

La véritable cause de cette violence selon elle, c’est la prolifération des gangs dans les zones occupées par les Arabes israéliens. Ainsi, 40% des crimes commis dans l’Etat hébreu le sont autour des villes mixtes de Ramleh, de Lod et de Jaffa et dans ce qu’on appelle le «triangle», soit la quinzaine de bourgs arabes autour d’Oum el-Fahm, de Tira et de Taibeh. Depuis une dizaine d’années, sept gangs y prolifèrent grâce à la drogue, au blanchiment d’argent et au trafic d’armes. Aujourd’hui, environ 400 000 armes à feu sont en circulation dans la société arabe, soit un pistolet ou un fusil pour trois habitants selon les chiffres de la police israélienne. «Une partie de l’arsenal de l’armée est vendue par d’anciens soldats à la mafia juive qui la transmet à la mafia arabe», décrypte Samah Salaime. Des armes toujours moins chères, toujours plus faciles d’accès, utilisées de façon toujours plus professionnelle. Les tueurs à gages se sont ainsi multipliés. Cibles faciles, les femmes arabes israéliennes sont des victimes toutes désignées des règlements de comptes entre gangs.

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