Le survol du Liban par l’aviation israélienne semble s’être intensifié depuis plusieurs semaines. Le bruit des drones et des avions israéliens, plus courant dans les régions du sud du Liban, s’invite désormais dans le quotidien des habitants de Beyrouth et du Mont-Liban. Comment expliquer cette évolution ? Quel est l’intérêt militaire de la manœuvre ? Le général à la retraite Khalil Hélou répond aux questions de L’Orient-Le Jour.
Le survol israélien s’est-il intensifié ? Pour quelles raisons ?
Ces survols ne sont pas isolés de la situation régionale qui est très tendue. Il y a en moyenne deux raids israéliens en Syrie par semaine visant les positions du Hezbollah, de l’Iran et des milices irakiennes. Le survol du territoire libanais s’inscrit dans ce contexte. Les Israéliens sont nerveux et prennent leurs précautions pour que la Syrie, le Liban et l’Irak ne soient pas utilisés comme rampe de lancement de missile contre Israël dans le cadre d’une action iranienne. Les Israéliens scrutent le territoire libanais à travers les satellites ainsi que les survols d’avions de reconnaissance et de drones. Cette surveillance est continue.
Quels appareils sont utilisés et quelles sont les zones les plus surveillées ?
Les Israéliens utilisent des drones et des chasseurs F15 et F16. La moyenne de vol d’un jet est de trois heures. Le pilote part et revient car il a besoin de ravitaillement. Les jets volent à très basse altitude. Ces vols de reconnaissance sont plus précis que les drones. Nous ne pouvons pas voir le système d’armement à l’intérieur. Le F16 est versatile, c’est un avion de combat multirôle. Le F15 est utilisé pour la reconnaissance et il fait office habituellement d’appui terrestre. Durant les missions de reconnaissance, il y a généralement des avions d’appui en cas de frappe. Au-dessus de Beyrouth, nous entendons des petits drones car ils ont des moteurs à piston. La capacité de surveillance d’un drone peut atteindre 36 heures.
Quel est l’intérêt militaire de la manœuvre ?
Trois régions sont continuellement surveillées par les Israéliens : le nord de la Békaa, la banlieue sud de Beyrouth et le Liban-Sud, des zones d’influence du Hezbollah. Ces vols tactiques permettent d’intimider et de semer la panique. L’ennemi reste actif et devient nerveux. Cette surveillance continue permet d’observer les mouvements suspects du Hezbollah et de l’armée libanaise. Les vols à basse altitude ont deux utilités : d’une part ils photographient et exécutent une surveillance électronique ; d’autre part ils permettent d’envoyer un message d’intimidation au Hezbollah : « Nous pouvons vous détruire ainsi que le Liban. »
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