La fondation Kemach, basée en Israël, promeut l’emploi des Juifs ultra-orthodoxes. « La religion ne leur interdit pas de travailler », alors que la pratique des études religieuses leur permet souvent de développer une bonne capacité d’apprentissage, assure le rabbin Nechemia Steinberg. Mais il faut leur offrir un contexte adapté.
La fondation propose ainsi non seulement des centres d’emplois et des formations. A Jérusalem, elle gère aussi – avec le soutien du gouvernement et la fondation Achim – l’incubateur dédié aux startups haredim Bizmax (un incubateur de startups).
« Il m’aide beaucoup pour mon networking », témoigne Aaron Breuer, fondateur de SelfCAD, une application en ligne de modelage 3D. Autodidacte, il explique assouvir via l’entrepreneuriat non seulement son besoin de nourrir sa famille, mais aussi son désir de « réaliser des choses« .
Goldi, fondatrice d’une entreprise dédiée à l’organisation d’événements ultra-orthodoxes, vient aussi chez Bizmax pour y rencontrer des partenaires professionnels masculins. Elle se réjouit de contribuer via son travail à la création d’opportunités d’affaires avec d’autres pans de la société israélienne, de construire ainsi des passerelles.
« Une génération pour changer »
Dans le Néguev, l’ONG Desert Stars mise également sur le développement des capacités entrepreneuriales afin de permettre aux jeunes Bedouins de reprendre en main leur vie. « La clé de l’avenir de toute société réside dans son leadership », estime en effet son fondateur Matan Yaffe.
Dès le lycée, divers programmes menés localement par l’association visent ainsi à leur offrir « l’opportunité de se changer eux mêmes », « à les faire sortir de leur mentalité de victimes », mais aussi à combler leurs carences scolaires, à faciliter leur entrée à l’université, ainsi qu’à les faire réfléchir à leur identité : bedouine, arabe, musulmane, palestinienne, israélienne…
« C’est dans ce cadre que j’ai rencontré des Juifs pour la première fois. Cela a été un moment charnière de ma vie. Je me suis rendu compte que nous avons bien plus de choses en commun que de différences. Et j’ai compris que, d’une part, je devais dorénavant tenter d’en savoir plus sur les gens avant de les juger. D’autre part, que je refusais désormais de me laisser jugé moi-même », témoigne Sami, qui aujourd’hui veille à la sécurité de l’un des maires de la région.
« Les participants aux programmes finissent le plus souvent par comprendre que tous les Israéliens ont une multitude d’identités, à apprendre à vivre avec la complexité », se réjouit l’un des organisateurs. Toutefois, il admet: « Il faudra au moins une génération pour changer ».
Source : latribune.fr/