Après les années Trump marquées par une diplomatie souvent imprévisible, Joe Biden va-t-il tout bousculer ? Le démocrate ne partage pas les obsessions antichinoises ou hostiles à l’Iran de son prédécesseur, mais les fondamentaux de la diplomatie américaine ne devraient guère changer.
Si les Mollahs iraniens avaient pu voter à la présidentielle américaine, ils auraient choisi Joe Biden. Le retrait des États-Unis du JCPoA – l’accord sur le nucléaire – les a lourdement pénalisés.
Or sur son site de campagne, Joe Biden promet de réintégrer l’accord si les Iraniens le respectent à leur tour. Ce qui, compte-tenu de l’avancement de leur programme nucléaire, paraît assez utopique. Aujourd’hui, la politique d’isolement de l’Iran menée par Donald Trump menace la théocratie au pouvoir à Téhéran. De même, le renforcement de l’Etat hébreu, ennemi juré du régime iranien fait partie de cette stratégie.
Après avoir, à l’initiative de Washington, normalisé ses relations avec Abou Dhabi et Bahreïn, Israël vise un rapprochement avec Ryad qui inquiète l’Iran. Joe Biden ne fera pas volte-face avec les Iraniens mais pourrait négocier avec Téhéran. Les rebelles afghans eux, auraient voté indifféremment Trump ou Biden, tant la politique de concessions initiée par Obama et poursuivie par son successeur leur convient. Sauf surprise, Biden devrait poursuivre le désengagement militaire américain en Afghanistan, ce qui revient, à court ou moyen terme, à livrer le pays aux Talibans.
Et en Irak, rien ne semble pouvoir freiner le retrait militaire des États-Unis. Le bilan de Joe Biden sur le dossier irakien – que Barack Obama lui avait demandé de superviser dès le début de son premier mandat en 2009 – n’est pas convaincant, les États-Unis ayant alors été incapables de freiner l’essor du Groupe État Islamique ni l’influence intrusive du pouvoir iranien sur l’Irak.
L’allié israélien privilégié, les Palestiniens abandonnés
En mai 2018, Donald Trump concrétise ce dont nombre de ses prédécesseurs rêvaient sans même oser le murmurer : le transfert de l’ambassade des États-Unis en Israël, de Tel Aviv à Jérusalem. Joe Biden a déjà fait savoir qu’il ne reviendra pas sur cette décision, même s’il affirme que la représentation diplomatique n’aurait pas dû être déplacée sans un large accord de paix au Proche-Orient.
Source France Culture