Israël : face au virus les pharmaciens et médecins arabes sont en première ligne en Israël. C’est une réalité ignorée en dehors du pays, bien souvent à Tel-Aviv, le pharmacien est d’origine arabe.
Cette réalité de l’Israël moderne – celle de l’émergence d’une minorité arabe à la fois intégrée, surdiplômée et indispensable au fonctionnement de l’Etat – n’a jamais été aussi flagrante qu’au temps du coronavirus, coïncidant avec la montée en puissance des députés arabes. Dans les couloirs des hôpitaux, personne n’imagine faire sans eux.
A SAVOIR. L’Arabe israélienne Suheir Assady a été nommée à la tête du service de néphrologie à l’hôpital Rambam de Haïfa en 2009. (Article IsraelValley basé sur des Extraits d’un article de Libération)
Photo : Jack Guez (AFP)
UN ARTICLE DE i24NEWS. « Quelque 500 Israéliens, Juifs et Arabes, vont chaque année à l’étranger pour étudier la médecine en raison du manque de places dans les écoles de médecine dans le pays, mais seulement la moitié d’entre eux reviennent. La plupart des citoyens arabes reviennent, malgré le difficile processus d’octroi des permis qu’ils doivent subir pour pratiquer leur profession ici.
Nassar Nassar est docteur en médecine de l’Institut Technion de Haïfa. Il explique les difficultés rencontrées par les jeunes Arabes qui cherchent à étudier la médecine en Israël. L’un des principaux obstacles, dit-il, est l’examen psychométrique traduit dans un arabe incompréhensible, qui rend la tâche des plus difficiles aux étudiants arabes. Il en va de même pour les examens d’entrée dans les écoles de médecine, a-t-il expliqué.
Selon le Bureau central des Statistiques, Arraba est inclus dans le groupe de localités qui occupent le deuxième rang sur 10 de l’échelle socio-économique. Cela signifie qu’il est l’un des villages les plus pauvres d’Israël. Cependant, les familles insistent pour investir le peu qu’ils ont et beaucoup de ce qu’ils n’ont pas, dans l’éducation de leurs enfants.
Bakar Yassin, dont le fils Imad étudie la médecine en Roumanie, dit que les frais de scolarité à Constanta sont de 5000 euros par an, sans compter les dépenses quotidiennes. Comme il n’y a pas de bourses d’études, les parents sont obligés de payer toutes les factures. Yassin finance la préparation de son fils aîné pour l’examen d’Etat en médecine ainsi que les études de son second fils, Imad, en Roumanie.
Et la charge ne s’arrête pas là. Les médecins qui ont réussi l’examen d’Etat et reçu leur permis de pratiquer devront travailler et vivre en dehors du village. L’hôpital le plus proche se trouve à 50 minutes d’Arraba en voiture et comme dans beaucoup de villages arabes, les transports en commun sont quasi inexistants.
Et pourtant, comme l’indiquent les données, toutes ces difficultés ne découragent pas les gens d’Arraba. Au contraire. Un des explications est que les Arabes ont du mal à se faire embaucher dans de nombreux domaines, comme par exemple dans les industries de high tech, dont beaucoup d’entre elles sont liées à la Défense et à la sécurité. D’autres secteurs, tels que le système bancaire et la finance, leur sont pratiquement fermés en raison des préjugés, que ce soit de la part des gestionnaires ou des clients. En médecine, cependant, la discrimination est moins grande que la pénurie croissante de médecins.
Le journaliste et militant Nassar a cependant une autre explication. « Il n’y a rien de plus majestueux que la médecine, qui constitue un symbole de prestige d’une part et, d’autre part, une profession rentable, comblant ainsi deux des lacunes les plus importantes des Arabes: la fierté et la survie. »
Mohammad Khateeb est rédacteur et journaliste web pour le site arabophone d’i24news.
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