Le président du Soudan rencontre Netanyahu en Ouganda en vue d’une normalisation. Abdel Fattah al-Burhan a rencontré le Premier ministre israélien en Ouganda, marquant un tournant spectaculaire après que le pays à majorité musulmane a quitté la sphère iranienne. (Times of Israel).
SELON RFI. Avec le correspondant de RFI à Jérusalem, Guilhem Delteil
C’est une page d’« histoire » qui est en train de s’écrire, affirme Benyamin Netanyahu sur son compte Twitter. Sa rencontre ce lundi avec le chef du Conseil souverain soudanais, Abdel Fattah al-Burhan, marque un rapprochement entre deux pays jusque-là ennemis. Et selon le bureau du Premier ministre israélien, les deux dirigeants se sont mis d’accord pour entamer « une coopération qui mènera à la normalisation des liens entre les deux pays ». Dans un premier temps, les avions israéliens devraient être autorisés à traverser l’espace aérien soudanais. Cela réduirait considérablement la durée des vols d’Israël vers l’Amérique latine. L’établissement de ces liens pourrait également permettre à Israël d’expulser des ressortissants soudanais auxquels il ne reconnaît pas le statut de réfugiés. Mais cette rencontre est surtout forte sur le plan diplomatique : alors que la Ligue arabe vient de rejeter le plan de Donald Trump pour une paix entre Israéliens et Palestiniens, le Soudan tend la main à Israël. A un mois de nouvelles élections législatives, Benyamin Netanyahu se félicite de faire « revenir » Israël en Afrique. Ses résultats diplomatiques sont l’un de ses principaux arguments de campagne. Mais « le pivot vers l’Afrique » lancé par le Premier ministre israélien en 2016 « a eu des ratés », jugeait ce lundi le quotidien Jerusalem-Post. La coopération avec les pays africains ne s’est guère développée et ceux-ci ont continué de voter majoritairement avec les Palestiniens dans les instances internationales.
A couteaux tirés
Ce rapprochement avec le Soudan serait d’autant plus significatif que les deux pays ont été longtemps à couteaux tirés. Israël a longtemps reproché à Khartoum d’héberger des dirigeants du Hamas, de soutenir le Hezbollah et de s’aligner sur l’Iran. Le Soudan a longtemps accusé l’État hébreux d’être à l’origine des frappes aériennes qui ont détruit des installations stratégiques soudanaises et, du moins selon la presse israélienne, des convois d’armes destinés au Hamas. Avant 2009, les passeports soudanais précisaient même en toutes lettres qu’ils étaient valables pour tous les pays du monde – sauf Israël. Le rapprochement entre Israël et le Soudan, qui a commencé timidement sous le président Omar el-Béchir, en 2016, est désormais manifeste. Le Soudan espère obtenir la levée des sanctions adoptées par les Etats-Unis suite au conflit au Darfour. Un rapprochement avec Israël pourrait contribuer à un réchauffement de ses relations avec Washington. (RFI)
LE PLUS. L’Ouganda est un pays enclavé d’Afrique de l’Est, dont le paysage varié comprend les monts Rwenzori enneigés et l’immense lac Victoria. Sa faune abondante compte chimpanzés et oiseaux rares. La Forêt impénétrable de Bwindi est un célèbre sanctuaire de gorilles de montagne. Au nord-ouest, le parc national Murchison Falls est connu pour sa chute d’eau de 43 mètres de haut et sa faune comprenant des hippopotames.
Le Soudan, en forme longue la république du Soudan, est un pays africain. Le pays est bordé par la Libye au nord-ouest, l’Égypte au nord, la mer Rouge à l’est-nord-est, l’Érythrée à l’est, l’Éthiopie à l’est-sud-est, le Soudan du Sud au sud, la République centrafricaine au sud-ouest et le Tchad à l’ouest.
LE PLUS. Abdel Fattah Abdelrahmane al-Burhan est un militaire et homme d’État soudanais, chef de l’État depuis 2019. Il naît en 1960 à Gandatu, près de Khartoum.
Burhan a étudié dans un collège militaire soudanais. Il a ensuite étudié à l’étranger en Égypte et en Jordanie. Il a une femme et trois enfants. Commandant de l’armée de terre, dont il est le numéro trois, il organise notamment l’envoi de troupes au Yémen dans le cadre de la guerre civile yéménite et joue le rôle d’officier de liaison avec les Saoudiens et les Émiratis. En , lors des manifestations contre le régime d’Omar el-Bechir, il est nommé inspecteur général de l’armée. Le , il succède à Ahmed Awad Ibn Auf à la tête du Conseil militaire de transition mis en place après le renversement d’Omar el-Bechir. Contrairement à son prédécesseur, il n’est pas considéré comme un « pilier » du régime et n’a pas de lien connu avec le Mouvement islamique. Le , un mois après un accord entre l’ALC et les putschistes, un Conseil souverain de onze membres devant être dirigé par al-Burhan pendant 21 mois, est formé. Il prête serment le lendemain.