L’intégration des Juifs éthiopiens dans une société israélienne déjà divisée entre différentes communautés s’avère être complexe. En Ethiopie, la majorité des Falashas vivent en milieu rural. Une fois arrivés en Israël, ils se retrouvent la plupart du temps entassés en périphérie des villes. Le choc culturel est brutal. Depuis 1975, si leur situation sociale s’est améliorée, le niveau de disparité économique avec le reste de la population israélienne reste très important.
Les Falashas ne sont pas seulement victimes de violences physiques et de racisme policier. Ils sont aussi victimes de politiques discriminatoires instituées par le gouvernement. En effet, en 2013, le ministère de la Santé reconnaissait avoir pratiqué des injections d’un agent contraceptif de longue durée sur des Juives éthiopiennes avant leur arrivée en Israël, et ce, sans leur consentement. Ces dernières pensaient recevoir un vaccin. Depuis 2000, le taux de fécondité des Juifs éthiopiens a chuté de 50%.
LE PLUS.
Aussi appelés Falashas (« exilés ») ou Betas Israël (« maison d’Israël » ) ils sont environ 148 000 en Israël selon le bureau des statistiques. Depuis début 2019, 633 nouveaux arrivants ont été enregistrés.
Une reconnaissance tardive
La reconnaissance des Falashas par Tel Aviv ne s’est pas faite rapidement. Avant 1975, il était quasiment impossible pour des Falashas de se rendre en Israël. La reconnaissance de leur judaïté a fait débat pendant des décennies. S’ils sont officiellement reconnus en 1921 comme juifs par le Grand rabbin ashkénaze de Palestine, leur judaïté est ensuite reniée en 1948 lors de la création de l’État d’Israël. Les Falashas n’ont donc pas eu la possibilité d’immigrer vers le nouvel État.
Il faut attendre 1975 pour que le Premier ministre de l’époque Yitzhak Rabin les reconnaisse officiellement et les autorise à immigrer. Des milliers de Falashas profitent de cette occasion pour fuir leur pays, en guerre depuis la chute du dictateur Hailé Sélassié en 1974.
Le gouvernement israélien ne tarde pas à mettre en place des programmes d’immigration. Les opérations «Moïse » et «Salomon » sont lancées respectivement en 1984 et 1991. Ainsi, lors de l’opération « Salomon » , 14 000 Éthiopiens débarquent en Israël en 36 heures.