Selon ces premières données en tout cas, le Likoud (droite) de Benyamin Netanyahu est crédité de 33 à 36 sièges, la liste de centre droit Bleu-Blanc de Benny Gantz de 36 ou 37 sièges. Ce qui est donc sûr, c’est que l’un et l’autre restent loin de la majorité absolue (61 sur 120) et qu’ils devront s’allier à d’autres formations pour gouverner.
Et au petit matin, après le dépouillement de 96% des bulletins et selon les projections des médias, c’est le Premier ministre sortant qui semblait bien placer pour former une coalition de droite et conserver son poste.
Preuve que le scrutin était serré, mardi soir, les deux rivaux ont tous deux revendiqué une victoire « claire ».
« Le bloc de droite mené par le Likoud a remporté une victoire claire », a déclaré Benyamin Netanyahu dans un communiqué. Il a indiqué qu’il se mettrait le soir même à la constitution d’un gouvernement « avec nos partenaires naturels ».
« C’est une nuit de victoire fantastique, fantastique, a ensuite lancé Benyamin Netanyahu, en poste depuis 2009 et candidat à un cinquième mandat, devant ses partisans à Tel-Aviv. Le Likoud a grandi de manière exceptionnelle. Je suis très ému que le peuple d’Israël m’ait accordé à nouveau sa confiance pour la cinquième fois. Et une confiance accrue. J’ai l’intention d’être le chef de gouvernement de tous les Israéliens, de droite et de gauche, juifs et non-juifs. Car je prends soin de tous. C’était comme ça et cela continuera à l’être. »
Au quartier général de Bleu-Blanc à Tel-Aviv, les sympathisants de Benny Gantz ont eux explosé de joie à l’annonce des sondages. « C’est une journée historique. Plus d’un million d’Israéliens ont voté Bleu-Blanc ! », a déclaré le nouveau venu de la politique israélienne. « Le président doit nous confier le soin de former le prochain gouvernement car nous sommes le parti le plus important », a-t-il revendiqué avant de promettre d’être « le chef de gouvernement de tous et pas seulement de ceux qui ont voté pour nous. Nous saurons parler avec tous, coopérer avec tous et créer un système gouvernemental commun qui servira religieux et laïcs, juifs et non-juifs, et ne renoncera à personne au sein de la société israélienne ».
Une fois les résultats officiels, il reviendra au président Reuven Rivlin de désigner la personne chargée de constituer une nouvelle coalition.
Si les tendances données par les sondages se confirmaient, la gauche se retrouverait laminée, le Parti travailliste étant crédité de six ou huit sièges.
Qu’en dit la presse matinale du mercredi 10 avril ?
La presse papier a été prise de vitesse par la longue nuit électorale. Le quotidien Yediot Aharonot a même dû sortir une seconde édition, plus à jour, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul
Les journaux renvoient ce matin dos à dos les deux protagonistes de ce scrutin : Netanyahu et Gantz. Mais les sites internet des journaux sont là pour départager ce matin les deux prétendants à la couronne avec les résultats en direct. Les deux grands partis sont dans un mouchoir de poche. La victoire semble toutefois plus que probable de Bibi, avant même le dépouillement des voix des soldats qui, rappellent les commentateurs, viennent en général l’aile droite de l’hémicycle.
Plusieurs éditorialistes proposent un gouvernement d’union nationale dans lequel siégeraient côte à côte le Likoud de Netanyahu et la formation Bleu-Blanc de Gantz. Une union qui semble contre-nature après les attaques personnelles échangées par les deux hommes pendant la campagne électorale.
Haaretz, le quotidien libéral, rejette en tout cas cette éventualité avec un virulent éditorial intitulé : « non à une coalition de sauvetage du suspect numéro un. » Ce suspect vous l’aurez reconnu : Benyamin Netanyahu sur lequel pèsent plusieurs actes d’accusation pour corruptions et autres malversations.
La presse se penche également sur l’effondrement de la gauche israélienne, le parti travailliste et les partis arabes. Les journaux appellent ce matin à des examens de conscience pour le parti travailliste dont il ne reste pratiquement plus rien. Et aussi pour l’électorat arabe israélien, pour son faible taux de participation et sa profonde division politique.
Un chroniqueur suggère ce matin d’augmenter encore et de manière considérable le seuil électoral pour renforcer les grands partis et réduire à néant les petites formations qui compliquent la mise sur pied d’une coalition gouvernementale viable et surtout stable.
Et une journaliste du quotidien Israël Hayom, proche du Likoud, pousse un cri de soulagement et conclut : « Ainsi s’achèvent fort heureusement cent jours d’une campagne électorale des plus sales et des plus haineuses qu’ait connue Israël… »