Quelles ont été vos priorités à votre arrivée à l’ambassade de France en Israël ? Ma priorité a été de renforcer encore davantage les liens et les échanges humains, économiques, scientifiques, culturels, artistiques entre nos deux pays. C’était au cœur du projet de la Saison croisée France-Israël qui s’est tenue en 2018. Décidée lors de la visite du Président François Hollande en 2013, j’ai beaucoup œuvré pour que la Saison puisse se réaliser l’année où l’État d’Israël célébrait les 70 ans de sa création. Ces six mois intenses, marqués par des centaines d’événements, simultanément en France et en Israël, ont été une formidable réussite : près de 400 000 visiteurs en Israël et 700 000 en France.
Qu’est-ce qui a changé dans votre perception d’Israël depuis votre arrivée en Israël en septembre 2016 ? Israël ne m’était pas inconnu quand j’ai pris mes fonctions d’ambassadrice, puisque j’y avais déjà été affectée pendant quatre ans entre 1994 et 1998. J’ai constaté en arrivant vingt ans après que le pays s’était beaucoup développé au niveau économique, tout en restant animé des mêmes idéaux et des mêmes défis et débats.
Une large partie de la population française a une vision caricaturale et déformée d’Israël. Pourquoi selon vous y a-t-il un tel décalage de perception de l’opinion publique française concernant la réalité israélienne, alors que la France et Israël sont 2 pays amis ?

La start-up nation est reconnue en France par toute une génération de jeunes entrepreneurs qui voient en Israël un modèle pour leur activité.

Il est vrai que les perceptions sont souvent déformées, aussi bien en France qu’en Israël d’ailleurs. J’y vois le résultat d’une actualité médiatique malheureusement trop souvent négative. Pour autant, je ne souhaite pas généraliser. Il serait faux de penser que tous les Français ont une image négative d’Israël. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à y venir en vacances. La start-up nation est reconnue en France par toute une génération de jeunes entrepreneurs qui voient en Israël un modèle pour leur activité.
Dire que la France et Israël sont amis, comment cela se traduit-il dans la réalité ? Cela se traduit par une densité exceptionnelle d’échanges entre nos deux pays, fondée sur des liens humains. On pense notamment aux 500 000 touristes Israéliens se rendant en France chaque année et aux 300 000 Français visitant Israël ou aux 150 000 Français vivant en Israël. Mais notre relation est avant tout politique, fondée sur des liens étroits entre nos gouvernements et cela se traduit par une coopération dense sur les questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Saviez-vous qu’une quinzaine de navires de guerre de la marine nationale ont fait escale en Israël l’année dernière ? Au-delà de leurs désaccords, la France et Israël défendent des valeurs communes et se tiennent côte à côte dans bien des circonstances.

Nous pouvons et devons faire davantage dans les échanges universitaires et scolaires par exemple.
Quelles sont les voies de rapprochement entre les deux pays qui n’ont pas encore été explorées* ? Je ne pense pas qu’il y ait des voies que nous n’ayons pas déjà explorées. Nos relations sont fortes, que ce soit dans le domaine culturel, artistique, cinématographique, commercial, spatial, dans les domaines de l’innovation, de la recherche ou de l’éducation. En revanche, les événements de la Saison ont montré que le potentiel n’était pas encore pleinement exploité. Nous pouvons et devons faire davantage dans les échanges universitaires et scolaires par exemple.

* au-delà du service civique, des échanges universitaires (Erasmus+) et des partenariats scientifiques et culturels franco-israéliens.
Depuis 20 ans déjà, Israël envoie en France  les « jeunes ambassadeurs », des lycéens israéliens à la rencontre de lycéens français (Michlahat Hatseira). Rien de tel n’est prévu par la France. Comment l’ambassade de France en Israël pourrait-elle susciter auprès de l’Éducation Nationale de tels échanges vers Israël, et les soutenir ? Ce type d’échanges scolaires est plutôt du ressort des collectivités locales en France : les villes, les régions ou les départements. Nous encourageons régulièrement celles-ci à développer ces activités, en particulier les villes qui ont noué des accords de jumelage et de coopération avec des villes israéliennes. De tels échanges scolaires sont nombreux et nous accueillerons par exemple le mois prochain des classes du Département de la Manche.
Qu’est-ce qui vous semble profitable pour la France dans l’expérience israélienne ? Et inversement ? Je pense que la France a beaucoup à apprendre d’Israël dans sa capacité à casser les codes et les conventions au bénéfice de l’innovation technologique. Les réussites d’Israël dans ce domaine sont remarquables et une inspiration pour de nombreux Français. Inversement, la France pourrait inspirer Israël dans de nombreux domaines, je pense par exemple à la qualité de nos politiques sociales et services publics qui jouent un grand rôle dans la réduction des inégalités.
http://franceisrael.fr/2019/03/21/interview-helene-le-gal/
 
© France-Israël, Alliance Général Kœnig, mars 2019

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