Par Jean-Francois Munster. Tout part de l’Université Ben Gourion, fondée il y a 50 ans à Beer Sheva et qui doit fournir les cerveaux de demain à cette industrie.
Des avenues à moitié vides, des immeubles en construction, de vastes terrains désertiques délimités par des panneaux barrés de slogans « we shape the futur » (« nous dessinons l’avenir »). Le parc technologique de la ville de Beer Sheva est encore en devenir. Sur les 15 bâtiments prévus, trois seulement sont sortis de terre mais la détermination d’Israël à transformer ce bout du désert du Neguev en Silicon Valley israélienne est intacte. Le premier ministre Benjamin Netanyahu le répète à qui veut l’entendre : il veut faire de la capitale déshéritée du sud d’Israël la capitale de l’industrie de la cybersécurité.
Regardant par la fenêtre de son bureau au deuxième étage du BGN Technology, une structure de l’université Ben Gourion chargée de valoriser commercialement le fruit de la recherche, Or Santo détaille les développements futurs de la ville devant un parterre de journalistes étrangers invités par le gouvernement :
« D’ici 10 ans, le site devrait compter 30.000 employés contre 3.000 actuellement. Dans cette partie, il y a aura un hôtel et un centre de conférence. Là, un district dédié à l’innovation, le campus de l’armée… ».
Start-up et multinationales
L’industrie de la cybersécurité est florissante en Israël, tout comme l’high tech en général qui représente 43 % des exportations. Ce petit pays de 8 millions d’habitants sans ressources naturelles a décidé de tout miser sur ses cerveaux, investissant 4,3 % de son PIB en recherche et développement. Un record mondial. Le pays compte aujourd’hui 430 sociétés actives dans la cybersécurité, soit 30 % de plus qu’il y a trois ans. Dans ce groupe, il y a beaucoup de start-up évidemment mais aussi quelques multinationales employant des centaines de travailleurs comme Checkpoint ou Cyberark. Le secteur génère 6 milliards de dollars de ventes et emploie 19.000 personnes. A lui seul, le pays attire 20 % des investissements mondiaux dans la cybersécurité contre 10 % en 2014. Seuls les Etats-Unis font mieux.
Ce succès, Israël l’attribue à l’écosystème qu’il a réussi à créer, mêlant à la fois universités, multinationales, start-up, fonds d’investissement, gouvernement et… l’armée. C’est un condensé de cet écosystème qu’il cherche aujourd’hui à reproduire à Beer Sheva, dans un rayon de quelques centaines de mètres à peine. Tout part de l’Université Ben Gourion, fondée il y a 50 ans à Beer Sheva et qui doit fournir les cerveaux de demain à cette industrie. C’est l’une des rares au monde à proposer un cycle d’études entièrement dédié à la cybersécurité. Il se focalise sur la recherche appliquée. Sur les 20.000 étudiants qu’il compte, 10.000 ont opté pour les filières STEM (mathématique, sciences, ingénieur).
http://in.bgu.ac.il/en/French/pages/news/cybers%C3%A9curit%C3%A9-capitale%20.aspx