A l’approche des élections législatives anticipées du 9 avril, les « fake news » que pourraient propager des pays étrangers, en particulier la Russie, pour perturber le scrutin, virent à l’obsession en Israël. Un ministre de la Défense qui aurait été une taupe russe, le fils de Benjamin Netanyahu s’acoquinant avec un prince de Dubaï pour faire des affaires dans le Golfe, l’épouse du Premier ministre Saraqui qui porterait une croix soigneusement cachée : ce genre de « fake news » fait florès à l’approche des élections législatives du 9 avril en Israël.
Objectif : semer le trouble, le chaos, dans une opération de déstabilisation des institutions. La menace est d’autant plus prise au sérieux que chacun garde à l’esprit
les manipulations russes dans l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis.
Nadav Argaman, le chef du Shin Beth, le service de sécurité intérieure chargé du contre-espionnage, s’est ainsi déclaré « certain à 100% qu’’un Etat étranger va intervenir lors des prochaines élections ».
« Et je sais de quoi je parle », a-t-il ajouté. Il s’est gardé néanmoins, prudence diplomatique oblige, de désigner le principal suspect, dont le nom a été couvert par la censure militaire.
Mais la Russie s’est aussitôt sentie visée et a publié un démenti outré. Seule certitude : les relations entre les deux pays connaissent un sérieux coup de froid à la suite des centaines d’attaques aériennes menées par Israël en Syrie contre des positions de l’Iran, qui soutient militairement, comme Moscou, le régime de Bachar al-Assad, ce qui pourrait inciter Vladimir Poutine à se venger.
Pour propager ces fake news, l’arme absolue consiste à utiliser des réseaux de comptes fictifs, des « bots » programmés pour déclencher un déluge de messages automatiques.
Pour tenter de contrer ce danger, le ministère israélien des Affaires étrangères, des hackers et des programmeurs israéliens ont noué une sainte alliance pour identifier ces comptes et convaincre les réseaux sociaux tels Facebook ou Twitter de les supprimer.
Mais la bataille se joue aussi sur le front intérieur. Une partie des fake news repérées ces dernières semaines provenaient d’Israël.
Un juge de la cour suprême, Hanan Melcer, a tenté de convaincre les partis en lice de respecter un code de bonne conduite et d’éviter de propager des rumeurs mensongères.
Mais le Likoud, le parti de droite de Benjamin Netanyahu, a refusé de s’engager. A défaut, le juge s’est contenté de faire appel à la bonne volonté de Facebook pour faire le ménage, sans grand succès pour le moment.
Impliqué dans une série d’affaires de corruption présumée, Benjamin Netanyahu est lui-même accusé par l’opposition et des médias de diffuser des fake news, histoire d’illustrer son thème favori : le complot qui serait ourdi contre lui par les médias, la police et la justice.
Pour faire passer ce message, il s’est offert un outil en créant une nouvelle chaîne de télévision en ligne qui n’hésite pas à recourir aux coups bas contre Benny Gantz, son principal rival centriste, et vise sa nouvelle « bête noire » : Avishaï Mandelblit, le procureur général, qui pourrait faire pencher la balance électorale en inculpant officiellement Benjamin Netanyahu. Le but de cette télévision, sur laquelle Benjamin Netanyahu intervient presque chaque soir, est officiellement… « d’éradiquer les fake news ».
Source Marianne