Promettant la « tolérance zéro » face à la corruption, il propose la création d’un service civil obligatoire pour les jeunes Arabes et les juifs religieux orthodoxes.
Baptême du feu politique réussi. C’est l’avis quasi unanime des médias israéliens après le discours, longtemps attendu, prononcé mardi 29 janvier à Tel-Aviv par Benny Gantz. À 59 ans, l’ancien chef d’état-major, chef du parti centriste « Résilience pour Israël », est le principal rival de Benyamin Netanyahou aux élections législatives du 9 avril.
En finir avec « la monarchie » de Benyamin Netanyahou
Accueilli sous les ovations, le prestigieux général de réserve a promis de « rassembler » le peuple et d’en finir avec « la monarchie » de Benyamin Netanyahou, aux commandes depuis plus d’une décennie. « Nous ne dresserons pas une moitié du peuple contre l’autre pour régner », a-t-il assuré.
Il s’est engagé à « la bonne gouvernance », à instaurer « une tolérance zéro pour la corruption », « rétablir la salubrité de la vie publique », et à mettre un terme aux attaques contre les institutions judiciaires, culturelles et médiatiques dont le premier ministre sortant est coutumier parce qu’il est menacé de mise en examen pour corruption et qu’il se dit victime d’un « complot ourdi par les élites ».
Benny Gantz a jugé « impensable qu’Israël puisse être dirigé par un premier ministre mis en examen ». Mais il n’a pas exclu son éventuel ralliement à une coalition gouvernementale formée par Benyamin Netanyahou, pour l’heure favori des sondages, tant que ce dernier ne sera pas formellement inculpé. Son audition préalable par le procureur général de l’État Avichaï Mandelblit pourrait durer des mois, voire un an.
Favorable à une poursuite de la construction dans les colonies
Benny Gantz a salué l’actuel premier ministre, le qualifiant de « patriote qui s’est efforcé de parvenir à la paix, notamment en acceptant la solution de deux États (NDLR : Israël et la Palestine) ». Il s’est engagé à exploiter « toute occasion de paix pour réaliser une paix régionale ». Répondant à un large consensus national, il s’est cependant empressé d’ajouter qu’il poursuivra la construction dans les grands blocs de colonies, maintiendra le contrôle d’Israël sur la Vallée du Jourdain, et la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan (annexé) et l’ensemble de Jérusalem.
Ralliements
Fort de ses 38 ans passés sous l’uniforme, il affirme qu’« œuvrer à la sécurité se mesure par des actes et non des paroles ». Aux termes d’un arrangement politique conclu mardi, un autre chef d’état-major, Moshé Ya’alon, est devenu son bras droit.
En 2002, cet ancien « dur » du Likoud (droite) a écrasé la Seconde Intifada palestinienne. « Il y aura d’autres ralliements ! », a annoncé Benny Gantz, qui songe au nouveau parti Guesher (centre droit) à vocation sociale d’Orly Lévy-Abecassis crédité de 4 à 5 élus, et surtout au très populaire ancien chef d’état-major Gaby Ashkenazi.
Ce dernier veut former un grand bloc centriste incluant l’influent parti « Yesh Atid » de l’ancien ministre des finances Yaïr Lapid qui constituerait « une véritable alternative » à Netanyahou.
Pour séduire, Benny Gantz ratisse large. Il incarne les valeurs pionnières d’antan. Marié et père de quatre enfants, il a grandi dans un petit village coopératif fondé par ses parents, tous deux rescapés de la Shoah. « J’ai labouré nos champs avec un cheval, et je me suis engagé à Tsahal où j’ai souvent été confronté à des situations périlleuses avant de gravir tous les échelons », a-t-il raconté.
« Pour moi, Israël compte avant tout ! » dit son slogan de campagne. Aujourd’hui, il propose pêle-mêle de créer un service civil obligatoire pour les jeunes Arabes et les juifs religieux orthodoxes, un mariage civil, une aire réservée aux dévots juifs réformistes devant le Mur occidental (des Lamentations). Il promet aussi des transports publics durant le shabbat « dans les villes qui le souhaitent ». Il veut par ailleurs réduire les écarts entre nantis et pauvres, réformer l’enseignement, et soigner le système de santé.