La 49e édition du forum économique mondial de Davos, ce grand rendez-vous de la mondialisation qui chaque année réunit dans cette petite station de ski des Alpes suisses grands patrons, décideurs politiques et personnalités de la société civile, s’est achevée vendredi 25 janvier 2019 sur un sentiment de grande incertitude sur l’économie mondiale. Grand habitué de Davos, le président du conseil de surveillance de Publicis, Maurice Lévy livre ses impressions. Entretien avec notre envoyée spéciale à Davos.
En l’absence de Donald Trump, Vladimir Poutine, Xi Jinping, Emmanuel Macron ou encore Theresa May, c’est le Brésilien Jaïr Bolsonaro qui cette année a été un peu la star à Davos. Qu’est-ce que cela nous dit de l’état du monde ?
Cela révèle des mécontentements et des déceptions très profonds. Ces mécontentements, on les voit en France avec le mouvement des «gilets jaunes». On les a vus en Italie où ils ont porté au pouvoir les populistes. On les a vus en Espagne avec la crise catalane. Il y a également le Brexit ; il y a ce qui se passe aux Etats-Unis, au Brésil. Les gens sont tellement désespérés et les classes moyennes ont tellement souffert ces dernières années qu’elles se tournent vers des solutions extrêmes et populistes. Elles sont prêtes à croire n’importe quoi, tout simplement parce qu’elles ont le sentiment que personne n’a répondu à leurs préoccupations premières. C’est triste, c’est préoccupant et j’espère que c’est temporaire.
Nous sommes à quelques mois des élections européennes, êtes-vous inquiet ?
Oui, je le suis parce que le climat n’est pas bon. Aucune solution avec le Royaume uni n’a pas été trouvée. On assiste à des choses aberrantes entre l’Italie et la France, du jamais vu ! On n’a jamais vu une situation où l’un des signataires du Traité de Rome, un pays qui a participé à la création de l’Union européenne, vilipende le président d’un Etat membre et conduit une campagne contre un pays voisin et amis. C’est aberrant !
Sans compter qu’il n’y a pas de projet européen aujourd’hui. Que veut-on faire de l’Europe ? Dans quel état va-t-on arriver aux élections ? Aura-t-on trouvé une solution pour le Brexit ?
Va-t-on trouver un projet qui permette de raconter une belle histoire aux électeurs, ou va-t-on donner libre cours aux extrêmes ? Tout ça est très préoccupant.
Dans ce contexte, comment qualifieriez-vous cette 49e édition du Forum de Davos qui s’achève ce vendredi ?
Intéressante, un peu « confusante » et entourée de beaucoup d’interrogations.
Intéressante parce que c’est l’économie qui domine. Et cela en raison de l’absence des grands acteurs géopolitiques. La Chine et la Russie ne sont pas là. Les grands pays occidentaux : les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni sont absents. En dehors de l’Allemagne, on a un peu des « secondes classes » sans être péjoratif. Donc la primauté est donnée à l’économie et on retrouve un peu l’essence de Davos. Les discussions sur le plan économique et sur la responsabilité des entreprises vont bon train et c’est très intéressant.
Un peu « confusante » parce que l’année dernière, les choses étaient très claires. On était dans une sorte d’euphorie. Tout le monde était dans la perspective que nous allions avoir une grande année de croissance. Or on arrive à Davos avec un dernier trimestre qui n’a pas été très bon et des indications de ralentissement de l’économie, même si avec une perspective de croissance à 3,5% cette année, il ne faut pas bouder son plaisir. En fait le climat est incertain et on n’a pas d’indication claire de ce que va être la croissance.
Enfin beaucoup d’interrogations notamment sur les raisons de l’absence des grands acteurs géopolitiques. Qu’en sera-t-il des relations sino-américaines ? Va-t-il y avoir un accord commercial ou pas et quelles conséquences ? Il y a également le Brexit et le fait que l’on ne sache pas où l’on va. De l’accord trouvé dépendra les choix qu’auront à faire les entreprises.
Il y a enfin l’Europe. Comment va-t-elle s’organiser à 27 ? A quelle date le Royaume uni va-t-il sortir de l’Union ? Que va-t-il se passer pour les élections ?
Tout ceci crée de la confusion, des interrogations. Mais tout cela demeure très intéressant parce que la primauté est de nouveau donnée à l’action entrepreneuriale et on sent un mouvement positif.
http://www.rfi.fr/economie/20190126-economie-mondiale-retour-fondamentaux-49e-davos-maurice-levy
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Cela révèle des mécontentements et des déceptions très profonds. Ces mécontentements, on les voit en France avec le mouvement des «gilets jaunes». On les a vus en Italie où ils ont porté au pouvoir les populistes. On les a vus en Espagne avec la crise catalane. Il y a également le Brexit ; il y a ce qui se passe aux Etats-Unis, au Brésil. Les gens sont tellement désespérés et les classes moyennes ont tellement souffert ces dernières années qu’elles se tournent vers des solutions extrêmes et populistes. Elles sont prêtes à croire n’importe quoi, tout simplement parce qu’elles ont le sentiment que personne n’a répondu à leurs préoccupations premières. C’est triste, c’est préoccupant et j’espère que c’est temporaire.
Nous sommes à quelques mois des élections européennes, êtes-vous inquiet ?
Oui, je le suis parce que le climat n’est pas bon. Aucune solution avec le Royaume uni n’a pas été trouvée. On assiste à des choses aberrantes entre l’Italie et la France, du jamais vu ! On n’a jamais vu une situation où l’un des signataires du Traité de Rome, un pays qui a participé à la création de l’Union européenne, vilipende le président d’un Etat membre et conduit une campagne contre un pays voisin et amis. C’est aberrant !
Sans compter qu’il n’y a pas de projet européen aujourd’hui. Que veut-on faire de l’Europe ? Dans quel état va-t-on arriver aux élections ? Aura-t-on trouvé une solution pour le Brexit ?
Va-t-on trouver un projet qui permette de raconter une belle histoire aux électeurs, ou va-t-on donner libre cours aux extrêmes ? Tout ça est très préoccupant.
Dans ce contexte, comment qualifieriez-vous cette 49e édition du Forum de Davos qui s’achève ce vendredi ?
Intéressante, un peu « confusante » et entourée de beaucoup d’interrogations.
Intéressante parce que c’est l’économie qui domine. Et cela en raison de l’absence des grands acteurs géopolitiques. La Chine et la Russie ne sont pas là. Les grands pays occidentaux : les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni sont absents. En dehors de l’Allemagne, on a un peu des « secondes classes » sans être péjoratif. Donc la primauté est donnée à l’économie et on retrouve un peu l’essence de Davos. Les discussions sur le plan économique et sur la responsabilité des entreprises vont bon train et c’est très intéressant.
Un peu « confusante » parce que l’année dernière, les choses étaient très claires. On était dans une sorte d’euphorie. Tout le monde était dans la perspective que nous allions avoir une grande année de croissance. Or on arrive à Davos avec un dernier trimestre qui n’a pas été très bon et des indications de ralentissement de l’économie, même si avec une perspective de croissance à 3,5% cette année, il ne faut pas bouder son plaisir. En fait le climat est incertain et on n’a pas d’indication claire de ce que va être la croissance.
Enfin beaucoup d’interrogations notamment sur les raisons de l’absence des grands acteurs géopolitiques. Qu’en sera-t-il des relations sino-américaines ? Va-t-il y avoir un accord commercial ou pas et quelles conséquences ? Il y a également le Brexit et le fait que l’on ne sache pas où l’on va. De l’accord trouvé dépendra les choix qu’auront à faire les entreprises.
Il y a enfin l’Europe. Comment va-t-elle s’organiser à 27 ? A quelle date le Royaume uni va-t-il sortir de l’Union ? Que va-t-il se passer pour les élections ?
Tout ceci crée de la confusion, des interrogations. Mais tout cela demeure très intéressant parce que la primauté est de nouveau donnée à l’action entrepreneuriale et on sent un mouvement positif.
http://www.rfi.fr/economie/20190126-economie-mondiale-retour-fondamentaux-49e-davos-maurice-levy
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