La ministre de la justice d’extrême droite Ayelet Shaked connaît une popularité grandissante et instille son idéologie ultranationaliste au cœur même des institutions. A 42 ans, elle est bien placée dans la course à la succession de Benyamin Nétanyahou.

Tous les portraits d’Ayelet Shaked évoquent son physique. Tous. Ses yeux glaçants comme un hiver lapon, sa beauté sophistiquée. On lui demande si ça la dérange. « Pas du tout. » Large sourire, dupe de rien. Cet atout ne dit pas l’essentiel : le projet politique que porte l’étoile montante de la droite nationaliste identitaire en Israël. « Alors, que se passe-t-il chez vous en France ? », demande-t-elle, affable, en prélude de l’entretien, dans son bureau de ministre de la justice. Nous sommes début décembre : nos ronds-points sont animés, les Champs-Elysées ressemblent à un nœud coulant. On lui dit que le mouvement des « gilets jaunes » est sans précédent, qu’il échappe aux grilles de lecture faciles.« Ce sont des anarchistes ? » Non plus. Il fait bon vivre en noir et blanc, on n’est pas dérangé par des problèmes de nuancier.Nous étions ce matin-là à quelques jours de la dissolution de la Knesset et de la convocation d’élections anticipées pour le 9 avril. Ayelet Shaked, 42 ans, préparait déjà en secret cette accélération du calendrier. La coalition (composée des six partis de droite) était paralysée depuis la démission, mi-novembre, de son collègue à la défense, le faucon Avigdor Lieberman, dénonçant la supposée complaisance du gouvernement à l’égard du Hamas dans la bande de Gaza. L’implosion n’était qu’une affaire de prétexte.
La campagne s’est engagée dans une atmosphère électrique. Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, se retrouve sous la menace d’une procédure d’inculpation dans une ou plusieurs enquêtes pour corruption. A droite comme à gauche, la confusion règne. Des alliances se rompent, des partis inédits surgissent, carrosses vides pour ambitions personnelles.
 

 
Source : israelValley & Le Monde

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