Les SDF en Israël, un Phénomène invisible mais Réel
par Noémie Grynberg
Depuis des années, l’Etat hébreu a délaissé ses aspirations sociales au profit du néolibéralisme. La croissance est là mais, revers de la médaille, la loi du marché a un coût social. Aussi, les SDF et la pauvreté demeurent-ils des problèmes récurrents.
Selon les données officielles du gouvernement, les sans-logis ne représenteraient que 0,02% de la population alors que dans d’autres pays occidentaux, le pourcentage s’élèverait de 0,13% à 0,38%. Cependant, on estime en Israël que le taux réel de SDF est de 6 à 17 fois supérieur à celui déclaré.
Selon les critères du ministère des Affaires sociales, les SDF sont définis comme des personnes âgées de plus de 18 ans qui vivent dans la rue, coupées de leur famille, dans un état physique ou mental instable, avec des antécédents psychiatriques ou une maladie physique, prenant de la drogue, ayant un passé de violence, étant incapable de vivre de façon autonome ou inaptes à se battre pour améliorer leurs conditions d’existence. Les statistiques officielles montrent que 26% des sans-logis sont dans la rue depuis plus de quatre ans.
SDF Un phénomène vieux de 30 ans
Le phénomène des SDF s’est principalement développé après le milieu des années 1980. Il a augmenté suite à la vague d’immigration russe de 1991. Ainsi il y a 25 ans, près de 70% des sans-abri de Tel-Aviv étaient des immigrants de l’ex-Union soviétique, presque tous des hommes. Gilad Harish, fondateur du refuge pour sans-logis, explique : « quand la récession a frappé Israël au début des années 90, de nombreux immigrants russes ont perdu leur emploi.
Nouveaux arrivés dans le pays, ils n’avaient pas de soutien familial solide sur lequel s’appuyer, à l’instar d’autres Israéliens. Certains se sont retrouvés dans la rue avec nulle part où aller. » Malgré cela, jusqu`á récemment, les autorités ont ignoré la question.
Ainsi en 2014, le nombre de sans abri en Israël était estimé à 1.831, dont environ 600 à Tel Aviv. L’année suivante, le ministère des Affaires sociales a évalué leur nombre à 800 ou 900, dont 450 recevant des aides de la part de la municipalité mais continuant de vivre dans la rue. Elem, une organisation à but non lucratif qui aide les jeunes à risque, a affirmé qu’en fait, le chiffre réel était beaucoup plus élevé : 2.300 personnes.
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