Youval Dreyfus (Tel-Aviv). Info? Intox? Lors d’une émission satirique (en hébreu) à grande écoute, une artiste israélienne (largement inconnue sur la scène internationale) affirme avoir été attaquée sexuellement par un artiste Français de renommée mondiale. Le nom de l’acteur a bien été prononcé très distinctement dans cette émission pré-enregistrée. Sur le plateau de télévision aucun commentaire n’a été fait par l’animateur. Difficile de croire que cette annonce en prime-time n’aura pas de répercussions dans le monde du cinéma international. (A noter : IsraelValley n’a pas pour habitude de lancer des noms en pâture. Israël étant un pays de droit, attendons si l’actrice israélienne porte l’affaire en justice).
Isabelle Adjani dans le JDD : « En France, c’est autrement sournois. En France, il y a les trois G : galanterie, grivoiserie, goujaterie. Glisser de l’une à l’autre jusqu’à la violence en prétextant le jeu de la séduction est une des armes de l’arsenal de défense des prédateurs et des harceleurs. De ceux qui prétendent que ces femmes ne sont pas si innocentes, car elles-mêmes se prêtent à ce jeu qui fait partie de notre culture. Dans les maisons de production ou chez les décideurs, j’ai souvent entendu : ‘Toutes des salopes, toutes des putes de toute façon, ces actrices!’
LE PLUS . DANS UN BLOG LE MONDE. « Donc, Hollywood serait en train de découvrir les turpitudes de ses derniers nababs. Nous ne savions rien, s’exclament en chœur plusieurs personnalités après les révélations des agissements du producteur Harvey Weinstein et de Roy Price, le patron d’Amazon Studios. Bien sûr. Sauf que ces pratiques borderline appartiennent à l’histoire de l’usine à rêve depuis sa création et que de nombreux livres, de fiction ou autres, les relatent par le menu depuis belle lurette…
Le plus sulfureux d’entre eux est bien évidemment « Hollywood Babylone » de Kenneth Anger, publié pour la première fois en 1959 et réédité régulièrement dans des versions actualisées. Cinéaste lui-même, Anger y raconte la face obscure des studios hollywoodiens à travers une série d’anecdotes plus révélatrices les unes que les autres.On y apprend ainsi que, en novembre 1924, lors d’une croisière, le magnat William Randolf Hearst avait tiré plusieurs coups de revolver sur Charlie Chaplin en le découvrant au lit avec sa maîtresse en titre, la jeune actrice Marion Davies.
Si Chaplin échappa aux balles, ce ne fut pas le cas de Thomas Ince, un producteur inventeur des premiers westerns, qui, prenant l’air sur le pont, se trouva malencontreusement sur la trajectoire de l’une d’elles. Hearst, en allongeant les dollars, réussit à étouffer l’affaire et officiellement, Ince mourut chez lui à Beverly Hills… On y découvre comment Joe Kennedy, le père de John et de Robert Kennedy, ayant décidé de devenir producteur à Hollywood, utilisa les services d’une nymphette pour piéger le patron grec d’une chaîne de cinéma, qui ne voulait pas distribuer ses films. Quant à Errol Flynn, qui incarna Robin des Bois, il aimait tellement les jeunes filles, qu’il en viola deux très, très mineures, et obtint pourtant un non-lieu à l’issue d’un procès largement biaisé.
Paru en 1986, « City of Nets : A portrait of Hollywood in the 1940’s » d’Otto Friedrich, un journaliste également auteur de romans policiers, est lui aussi une mine pour se faire une petite idée des us et coutumes dans le monde du cinéma. Les frères Coen en ont tiré une foultitude d’anecdotes pour deux de leurs films, « Barton Fink » et « Avé Cesar », qui décrivent par le menu les rapports pas uniquement artistiques entre les producteurs, les metteurs en scène, les scénaristes, les acteurs et les starlettes… Tout y est déjà dit sur les promotions canapé pour l’obtention d’un rôle ou d’une mise en scène. Plus factuel et historique, Patrick Brion, dans « Secrets d’Hollywood », en 2013, relate les tournages mouvementés où les caprices des uns répondent aux besoins de gloire des autres ».