Le président du département Christian Monteil fait part de son émotion dans un communiqué. « Résistante haut-savoyarde, Juste parmi les nations, elle était très impliquée dans la transmission de la mémoire auprès des nouvelles générations », écrit-il.
Pendant l’Occupation, les Juifs de la région d’Annecy connaissaient bien Jeannette Maurier. On savait en effet qu’elle était toujours prête à aider les Juifs en danger. Annecy, chef-lieu de la Haute-Savoie, est située à proximité des frontières suisse et italienne.
En novembre 1942, la ville faisait partie de la zone sous contrôle italien. La politique du gouvernement de Rome était relativement libérale et de nombreux Juifs étaient donc venus se réfugier à Annecy.
La situation changea en septembre 1943, lorsque les Allemands occupèrent la région. Les Juifs se trouvèrent plus en danger que jamais. Jeannette Maurier, qui était employée à la préfecture, était au courant des rafles anti-juives prévues.
En contact permanent avec la résistance, elle pouvait ainsi prévenir ou faire prévenir ceux qui étaient sur le point d’être arrêtés ou déportés. Connaissant bien les maires de tous les villages du département, elle arrivait à trouver des cachettes sûres pour des Juifs, surtout des enfants.
Elle arrivait aussi à aider des individus, voire des familles entières à passer la frontière. Aux Juifs qui se cachaient, elle fournissait un « équipement de survie » : faux papiers d’identité et cartes d’alimentation, couvertures et vêtements qu’il était alors difficile de se procurer.
Ainsi, lorsque George Sandberger, ayant réussi à s’évader du camp de Gurs, vint se réfugier à Annecy avec sa femme et ses enfants, la jeune femme leur procura de faux papiers et des cartes d’alimentation.
Elle les avertit à plusieurs reprises qu’une opération était imminente, leur sauvant ainsi à chaque fois la vie. Après la guerre, le rabbin Schilli, devenu directeur du Séminaire israélite de Paris dans les années 50, témoigna dans sa déposition des efforts déployés par Jeannette Maurier pour lui assurer la vie sauve, à lui et à sa famille.
Dans un premier temps elle les munit de faux papiers; puis, en 1943, lorsque les Allemands occupèrent la région, trouva un refuge sûr pour les enfants. Elle fournit des cartes de ravitaillement à toute la famille.
Enfin, le 10 août 1944, elle hébergea le rabbin et sa femme chez elle alors qu’ils rentraient à leur domicile après le couvre-feu. Par ses actions, écrivit le rabbin, Jeannette Maurier courait les plus graves dangers et mettait en danger sa propre famille qui habitait elle aussi à Annecy et faisait de la résistance.
Le 8 juillet 1973, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Jeannette Brousse-Maurier le titre de Juste parmi les Nations.
yadvashem.fr
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