Marine Le Pen satisfaite. La présidente du Front national s’est félicitée jeudi de la demande du parquet que le caractère antisémite soit retenu pour le meurtre de Sarah Halimi, qu’elle a qualifié d’« attentat terroriste ».« Je ne connais pas le dossier mais, d’après ce que j’en ai lu, ça me paraît évident qu’il s’agit là d’un crime antisémite », a-t-elle déclaré lors de l’émission Questions d’info LCP-franceinfo-Le Monde-AFP.

Le parquet a demandé mercredi à la juge chargée de l’enquête sur le meurtre de Sarah Halimi, femme juive défenestrée en avril à Paris par un voisin musulman, que le caractère antisémite soit retenu, une « satisfaction » pour les responsables juifs qui l’ont réclamé sans relâche.
« Ça fait partie de la longue liste des attentats, car ce sont des attentats terroristes, des attentats dont on nous explique que c’est le fait de  »déséquilibrés ». C’est la grande mode aujourd’hui, il y a une épidémie de  »déséquilibrés ». Avant, dans notre pays, les déséquilibrés se prenaient pour la reine d’Angleterre. Aujourd’hui, les  »déséquilibrés’ vont égorger, jeter par la fenêtre, s’attaquer aux policiers, aux militaires, aux gendarmes… », a ajouté Marine Le Pen.
Elle a « noté » que « la quasi-intégralité des actes antisémites et des agressions dont sont victimes nos compatriotes juifs depuis maintenant des années sont le fait de fondamentalistes islamistes ». « Il n’est absolument pas imaginable que nos compatriotes juifs vivent avec la peur au ventre et aient le sentiment de ne pas être entendus. Et ils seront entendus lorsque le gouvernement mènera la lutte contre le fondamentalisme islamiste et ne luttera pas seulement contre le terrorisme qui est l’arme, mais contre celui qui tient l’arme, c’est-à-dire l’idéologie », a-t-elle affirmé. (Source : http://www.20minutes.fr)
DANS LE FIGARO. Caroline Valentin est coauteur d’ Une France soumise, Les voix du refus (éd. Albin Michel, 2017).

Dans la nuit du 4 avril 2017, à Paris, Sarah Halimi, une femme de confession juive de 65 ans, est sauvagement assassinée. Son meurtrier, Kobili Traoré, un musulman radicalisé d’origine malienne au casier judiciaire long comme le bras, s’acharne sur elle pendant 40 longues minutes, d’abord dans le salon de de Sarah Halimi, puis sur son balcon. Il hurle «Allah Akbar», insulte sa victime, la traite de «grosse pute», de «sheitane» (démon en arabe). Plusieurs voisins entendent puis assistent, de leurs fenêtres ou de la cour, épouvantés, au massacre.
Dans l’excellent article que Noémie Halioua a consacré à cette affaire dans le dernier numéro de Causeur, elle rapporte le témoignage de l’un d’entre eux: «la première chose qui m’a réveillé, c’est des gémissements d’un être vivant en souffrance. C’était de la torture. Au début, je pense que c’est un animal ou un bébé. Mais après, en ouvrant le rideau et en ouvrant la fenêtre, je comprends que c’est une femme qui gémit sous les coups qu’elle reçoit. A chaque coup, j’entends un gémissement, elle n’a même plus de force pour pousser un cri». Kobili Traoré tape tellement fort que son poing droit est tuméfié. Puis, apercevant dans la cour la lumière des lampes torche de la police, il hurle «attention, il y a une vieille dame qui va se suicider», saisit sa victime – encore vivante – par les poignets et la fait basculer par-dessus la balustrade de son balcon. Sarah Halimi gît dans la cour, morte, ensanglantée.

Sarah Halimi connaissait Kobili Traoré, il était son voisin, il la menaçait constamment, elle avait peur de lui. Cinq ans auparavant, la sœur de ce dernier avait bousculé l’une des filles de Sarah Halimi en la traitant de «sale juive». Quelques jours après la mort de Sarah Halimi, les quelque cinq-cent personnes qui participent à la marche blanche organisée à Belleville en sa mémoire défileront sous les – «désormais traditionnels» relève Noémie Halouia – «morts aux juifs» et «nous on a les kalash» qui fusent des cités voisines.

Le meurtre atroce de Sarah Halimi n’a pas davantage rompu ce silence. La France est alors en pleine campagne présidentielle, les quatre candidats en tête des sondages sont dans un mouchoir de poche. Il faut soigner ses électeurs et, disons-le tout net, les juifs sont bien moins nombreux que les musulmans – moins de 500 000 contre près de 6 millions. De surcroît, le rapport de l’Institut Montaigne sur «l’islam de France» publié en septembre 2016 indique que «l’antisémitisme était un marqueur d’appartenance» pour un quart des musulmans et le sondage Fondapol de novembre 2014, que «Les musulmans répondants sont deux à trois fois plus nombreux que la moyenne à partager des préjugés contre les juifs. La proportion est d’autant plus grande que la personne interrogée déclare un engagement plus grand dans la religion.»
Il n’y a que Marine Le Pen, pourtant l’héritière d’un parti fondé notamment par des antisémites à peine repentis, pour condamner – à une petite reprise, et sans non plus en faire son cheval de bataille – ce crime et demander que l’on aborde enfin le sujet de «l’antisémitisme islamiste».
Le meurtre de Sarah Halimi doit être compris comme une alarme qui nous rappelle à nous-mêmes, à ce qui nous définit. Cette inertie est indigne de nous. La France, pays des Lumières, berceau des valeurs universelles des droits de l’homme, ne peut pas être un pays où les juifs se font agresser et tuer, parce que juifs, dans l’indifférence générale. Nous sommes tous héritiers d’une histoire, nous sommes tous comptables d’un héritage qui va de Salomon de Troyes à la France de Vichy en passant par l’émancipation des juifs en 1791 (que la France a été la première en Europe à consentir) et par l’affaire Dreyfus. Par respect pour ce que nous sommes, pour ce que nous nous targuons de représenter, nous n’avons pas le droit d’assister sans réagir à la montée de la haine contre nos concitoyens juifs. Il en va de notre admiration pour la France et, en définitive, de notre fierté d’être français.

 

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