Les médias israéliens sont devenus hystériques. Pas un flash radio sans que l’affaire Netanyahou ne soit traitée. Deux hommes vont jouer un rôle essentiel dans le futur.
1. Naftali Bennett est Ministre de l’Éducation et Ministre de la Diaspora dans le Gouvernement Netanyahou. Il dirige le parti politique nationaliste et sioniste religieux situé à l’extrême droite du spectre politique israélien. Le Foyer juif, ainsi que le mouvement pro-colonies My Israel.
Naftali Benett a publié un communiqué dans lequel il écrit: « L’Etat d’Israël a besoin de stabilité et nous accordons notre soutient plein et entier au gouvernement national pour qu’il poursuive sa mission. Le Premier ministre doit bénéficier de la présomption d’innocence et j’espère que ces enquêtes ne déboucheront sur aucune inculpation. Je fais totale confiance à la police ainsi qu’au conseiller juridique du gouvernement, sans qu’il n’y ait besoin de pressions politiques ou de manifestations… ». (LPH)
2. Quand Avihaï Mandelblit devient procureur général de l’État d’Israël, il apparaît comme l’homme lige de Benyamin Netanyahou dont il fut secrétaire de cabinet durant trois ans. Mais, c’est mal le connaître.
Le premier ministre en fait à présent les frais. Car il est visé par une enquête criminelle que Avihaï Mandelblit a ordonnée après avoir minutieusement ficelé un dossier à charge. Le procureur suit les longs interrogatoires de Netanyahou menés à sa résidence officielle.
Avihaï Mandelblit dispose de cinquante témoignages étayant deux dossiers séparés. Netanyahou devra ainsi s’expliquer sur « des cadeaux » régulièrement offerts, alors qu’il remplissait des fonctions officielles, par Arnon Milchan et Ron Lauder, des hommes d’affaires qu’il présente comme « ses amis personnels ». C’est le « dossier 1000 ». Coffrets de cigares, caisses de champagne, billets d’avion et séjours dans des palaces : ce train de vie tapageur peut lui valoir d’être inculpé de corruption.
Avihaï Mandelblit supervise le « dossier 2000 ». Lors d’une perquisition chez Ari Harow, ex-chef de cabinet du premier ministre, la police a saisi deux enregistrements d’entretiens au cours desquels le premier ministre aurait proposé un pacte à son ennemi juré Arnon Mozes, propriétaire du quotidien à gros tirage Yédiot Ahronot.
Selon ce pacte, Mozes se serait engagé à ordonner une couverture « plus équilibrée » de l’actualité. En échange, il aurait reçu la promesse que son principal concurrent, Israël Hayom – journal pro-gouvernemental gratuit, financé à perte par le milliardaire juif américain Sheldon Adelson –, renonce à son projet d’édition hebdomadaire du vendredi.
Ce marché qui ne s’est pas concrétisé en dit long sur la désinformation et la concentration de la presse écrite en Israël. Et surtout, il ressemble beaucoup à une tentative de corruption, car Yédiot Aharonot tire à 300 000 exemplaires le vendredi, soit l’essentiel de ses recettes publicitaires.
Avihaï Mandelblit pourrait fort bien, à l’issue de son actuel mandat de dix ans, postuler pour un siège parmi les juges de la Cour suprême. Né et élevé à Tel-Aviv, il fait connaissance par la petite porte avec le monde politique.
Son père, Micky, un juif laïc, tient une boutique de vêtements non loin de « la citadelle », le QG du Likoud. Là, derrière les comptoirs, se nouent les intrigues de la grande formation de droite libérale. Micky est proche de David Lévy, ex-ouvrier du bâtiment au langage fleuri, devenu chef de la diplomatie. Rien à voir avec « les princes » du parti, comme Dan Meridor ou Benny Begin.
« Bûcheur », A. Mandelblit décroche son diplôme de droit, s’initie au droit des affaires et à l’immobilier, puis découvre la foi et la Torah. En 1991, il célèbre son mariage selon le rite orthodoxe. Le couple aura six enfants.
Le juriste grimpe les échelons et devient en 2004 procureur général de l’armée. Il fera payer très cher leurs errements à plusieurs hauts gradés, et s’intéressera ensuite au droit international, aux droits de l’Homme, à l’éthique.
Sur son initiative, des conseillers juridiques accompagnent désormais les officiers en opérations pour qu’ils s’évitent des crimes de guerre. Son doctorat, obtenu en 2011 à l’Université Bar-Ilan de Tel-Aviv, porte sur le droit international et la guerre. (Source : .http://www.la-croix.com)