Dans la nuit du 1er au 2 août 2017, le satellite franco-israélien Venµs décollera de Guyane à bord d’une fusée Vega (retransmission en direct sur notre site). Pendant 3 ans, l’engin spatial va observer 110 sites sur Terre avec une revisite temporelle inédite : tous les 2 jours ! 3 questions à Gérard Dedieu, ingénieur au CNES, responsable scientifique de la mission Venµs et chercheur au Cesbio, un laboratoire toulousain sous co-tutelle du CNES, du CNRS, de l’IRD et de l’Université Toulouse III.
Pourquoi 110 sites et pas la Terre entière comme pour les satellites européens Sentinel-2 ?
Gérard Dedieu : Couvrir la Terre entière tous les 2 jours, à 5 m de résolution spatiale, aurait un coût très supérieur au coût de Venµs, peut-être 15 à 20 fois plus. Pour rappel, un satellite Sentinel-2 a une revisite temporelle de 10 jours pour une résolution au sol de 10 m. En outre, peu d’utilisateurs seraient en mesure, à court terme, de gérer et traiter la masse de données que cela représenterait.
Comment ces 110 sites ont-il été choisis ?
G. D. : En 2014, nous avons lancé un appel à projet auprès de la communauté scientifique internationale. Nous avons reçu 146 dossiers proposant 465 sites répartis dans 78 pays différents. Les propositions étaient dans l’ensemble de très bonne qualité scientifique si bien que le choix des sites a surtout reposé sur des critères techniques : concordance avec la trajectoire de Venµs, angle de prise de vue, possibilité d’enchaîner les prises de vue d’un site à l’autre, remplissage/vidage de la mémoire des images… Au final, nous avons choisi 93 sites. Les 17 autres sites ont été choisis par les équipes de qualité image du CNES pour calibrer et suivre l’étalonnage de l’instrument, par exemple sur des zones de désert, de glace au Groenland…
Comment se répartissent les 93 sites scientifiques en termes d’écosystèmes ?
G. D. : Ces sites représentent une grande variété de biomes terrestres : 30% sont des systèmes agricoles, 30% des formations herbeuses de la savane à la toundra, 15% des forêts depuis les zones tropicales jusqu’au cercle polaire, 4% des zones de glaces… Les biomes aquatiques sont peu représentés, la mission de Venµs a été conçue pour fournir aux scientifiques des données sur les cycles saisonniers (eau, carbone, production de biomasse végétale) des surfaces continentales.
Un autre objectif de la mission est d’étudier l’intérêt d’associer une haute fréquence de revisite (2 jours) à une résolution au sol élevée afin de préparer les spécifications de prochaines missions spatiales. L’observation d’une centaine de sites permettra des avancées dans ces 2 domaines à moindre coût et justifiera l’intérêt, ou non, de faire évoluer la fréquence d’acquisition et d’autres caractéristiques des futurs Sentinel-2.
Source IsraelValley et https://venus.cnes.fr