Dans le Sud, Louis Aliot, Gilbert Collard et Emmanuelle Ménard complètent cette délégation nordiste. Le vice-président du FN et compagnon de Marine Le Pen a été élu pour 450 voix seulement dans la 2e circonscription des Pyrénées-Orientales (50,56%), face à son adversaire MoDem Christine Espert (49,44%). Le député sortant Gilbert Collard est de son côté réélu, dans la 2e circonscription du Gard, pour 123 voix d’avance sur la LREM Marie Sara (50,16% contre 49,84%). Enfin, dans la 6e de l’Hérault, c’est Emmanuel Ménard, femme du maire de Béziers Robert Ménard, qui l’a emporté avec 53,49% des suffrages. Le FN est la « seule force de résistance à la dilution de la France », a commenté Marine Le Pen, qui a pour sa part annoncé avoir récolté 58,60% des voix dans sa circonscription, où elle était opposée à une candidate LREM.
Marine Le Pen privée de groupe parlementaire
Le Front national sauve donc la face à l’occasion de ce second tour des législatives. Sept députés, c’est plus que l’hypothèse la plus optimiste que lui accordaient les dernières projections des instituts de sondages réalisées à l’issue du premier tour. Pour le reste, le parti de Marine Le Pen est en fort recul par rapport à la présidentielle. Avec 13,3% des voix dimanche dernier, la formation d’extrême droite avait fait moins bien qu’en 2012, alors même que Marine Le Pen a atteint le second tour de la présidentielle le mois dernier (33,9% contre Emmanuel Macron).
Cette présidentielle aura paradoxalement marqué un coup d’arrêt pour le FN, principalement en raison du débat télévisé raté de sa candidate. Depuis, les tensions internes se sont réveillées et les désaccords politiques sont flagrants, comme sur la question de l’euro. Avec le retrait de Marion Maréchal-Le Pen et les menaces de départ de Florian Philippot, la campagne a été difficile pour le Front national. D’une quarantaine d’élus espérée dans la foulée de la présidentielle, le FN ne visait plus que l’élection de 15 de ses candidats avant le premier tour, afin de constituer un groupe parlementaire. Objectif qui n’est pas atteint ce dimanche soir.
Marine Le Pen devrait donc faire de l’Assemblée nationale une tribune politique, mais son poids politique sera limité puisqu’elle n’aura pas d’influence sur le travail parlementaire. « Si je suis élue, rétorque-t-elle, je vais commencer par déposer les amendements qu’il faudra pour tenter de limiter les dégâts », assurait toutefois Marine Le Pen au JDD, avant son élection.
Les ennuis ne font que commencer
Les ennuis ne s’arrêtent pourtant pas là pour Marine Le Pen, malgré cette victoire. D’abord parce qu’elle a promis de se rendre devant les juges une fois les campagnes électorales achevées. Elle doit y être entendue dans l’enquête sur les assistants parlementaires européens. Un procès sur les financements des campagnes de 2012 est également attendu ces prochains mois : si elle n’est pas directement citée, son parti est mis en examen. Enfin, au-delà du volet judiciaire, les dissensions politiques devraient perdurer jusqu’au congrès du parti, attendu l’hiver prochain. Marine Le Pen a d’ores et déjà promis de restructurer en profondeur son mouvement, ce qui passera par un nouveau nom. La place de Florian Philippot, critiqué en interne et affaibli dimanche après sa défaite dans sa circonscription de Moselle, sera l’un des enjeux de cette refondation.
A plus court terme, Marine Le Pen devra de nouveau se confronter à son père. Rétabli dans ses droits de président d’honneur, Jean-Marie Le Pen veut siéger dans les instances du parti qu’il a cofondé. Or, ces instances ne fonctionnaient plus pendant la campagne présidentielle. Un nouveau bureau politique est prévu mardi. Mais dans le JDD, sa fille a prévenu : « Il ne rentrera pas. Je préfère payer des amendes que de l’avoir assis en face de moi, c’est un adversaire politique. Il a présenté des candidats contre nous aux élections… » Pas certain que le « Menhir » ne se laisse intimider.