« La cage aux fous » : pourquoi le Zénith programme le spectacle de Lalanne et Dieudonné.

Le spectacle mettant en scène l’humoriste multicondamné et le chanteur aux accents complotistes, aura a priori bien lieu au Zénith de Paris. Le patron de la salle, Daniel Colling, affirme, qu’en l’état, il « ne dispose d’aucune marge de manœuvre » pour « autoriser » ou « interdire » le spectacle.

Près de Tournai, le week-end dernier, Dieudonné, l’humoriste multicondamné par la justice, pour injures publiques, apologie du terrorisme ou encore pour propos antisémites, a donné deux spectacles « pirates », interdit qu’il est de se produire en Belgique. Il n’aura pas à se cacher en France. « La cage aux fous », un show en duo avec autre personnage controversé, le chanteur Francis Lalanne, programmé au Zénith de Paris le 14 septembre prochain, devrait bien se tenir. Le président de la société gestionnaire de la salle, Daniel Colling, l’a confirmé ce mardi 25 avril dans un communiqué, expliquant en substance qu’il n’avait aucune raison légale de s’y opposer.

Annoncé en février par Francis Lalanne, le projet de spectacle de cet étonnant duo avait failli se concrétiser une première fois début avril, au Cirque d’Hiver (Paris, XIe). Il avait été finalement annulé, les propriétaires de la salle, la famille Bouglione, affirmant, via leur avocat, n’avoir jamais validé officiellement cette date et « que l’offre commerciale présentée (…) qui était celle de concerts d’adieu de Francis Lalanne, ne correspondait pas à la réalité de ce qui était vraiment prévu ». Saisie, la justice avait retenu ces arguments et tranché en leur faveur.

« Le Zénith ne choisit ni ne produit de spectacles »

Aujourd’hui, l’argument qui doit permettre la tenue du spectacle le 14 au Zénith est tout aussi juridique, selon les explications fournies mardi par Daniel Colling dans un long communiqué. Il précise ainsi en préambule que les « Zénith sont des équipements édifiés par des entités publiques (communautés urbaines, métropoles, région ou État) qui en sont propriétaires et dont la gestion est confiée à des opérateurs spécialisés par Délégation de Service Public ».

À ce titre, les salles sont donc « juridiquement tenues d’accueillir » les manifestations définies par un cahier des charges édité par le ministère de la Culture. Si une salle ne la fait pas, elle « contrevient explicitement aux dispositions légales posées par l’article L121-11 du Code de la consommation (refus de vente) et sera, à tout coup, assignée au tribunal à ce motif ». En résumé, « le Zénith ne choisit ni ne produit de spectacles », affirme le texte.

La société gestionnaire du Zénith affirme cependant, compte tenu du « CV » des deux artistes avoir pris des précautions : « Nous avons demandé que nous soit communiquée la présentation du spectacle. Avec les informations en notre possession à ce jour, nous ne disposons d’aucun élément qui nous permettrait de penser que ce dernier puisse être juridiquement répréhensible ou contestable notamment pour incitation à la haine ou trouble à l’ordre public », détaille le communiqué.

« Seules les autorités compétentes pourraient ordonner l’interdiction »

En conséquence, Daniel Colling renvoie « la patate chaude » aux « autorités compétentes ». Elles seules, « pourraient ordonner l’interdiction de la représentation si elles estimaient qu’il existe un risque notable de trouble à l’ordre public et/ou d’incitation à la haine. Pour mémoire, un spectacle de Dieudonné a été interdit au Zénith de Nantes, le 9 janvier 2014, par les autorités compétentes (préfecture/Conseil d’État) », poursuit le texte.

Avant de conclure : « En synthèse, il est nécessaire de garder à l’esprit que l’exploitant du Zénith ne dispose d’aucune marge de manœuvre pour autoriser ou interdire la présentation d’un spectacle, dès lors que le producteur répond aux exigences juridiques posées dans les Conditions Générales de Location du Zénith. Cette question, qui s’est déjà posée par le passé au Zénith de Paris (Éric Zemmour, Bertrand Cantat), a toujours conduit à la même réponse : la prérogative permettant d’interdire une manifestation revient aux seules autorités compétentes (Tribunal, préfecture, Conseil d’État…) et non à l’exploitant de la salle. »

De son côté, maître Emmanuel Ludot, l’avocat de Dieudonné, cité par le site actu.fr, s’est voulu très rassurant sur le contenu du spectacle : « Le texte de La Cage aux fous fera l’objet d’un copyright et sera notifié par voie d’huissier à Laurent Nuñez (le préfet de police de Paris) », a-t-il assuré avant d’affirmer que le show ne serait sujet à « aucune polémique ».

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