L’eau est au centre du conflit du Proche-Orient. Mais avec l’autonomie hydrique permise par le recyclage des eaux usées, l’irrigation au goutte à goutte et surtout le dessalement de l’eau de mer, apparaît un nouveau phénomène lié aux accords d’Abraham signés entre Israël et plusieurs pays arabes.

Une goutte dans l’immensité de la mer Méditerranée, mais un grand pas en avant dans une nouvelle direction pour Israël. Après avoir depuis le début de son existence puisé abondamment dans le lac de Tibériade, c’est autour des années 2000 que les dirigeants israéliens ont dû revoir leur copie.

« Le changement climatique a obligé le gouvernement à prendre deux mesures d’urgence, explique Max Semory, spécialiste des questions d’eau. Il a fallu recycler toute l’eau consommée et puiser puis dessaler l’eau de mer aux ressources inépuisables, évidemment. »

Désormais, 85% des eaux usées sont recyclées et près de 80% de l’eau potable consommée en Israël est fourni par cinq usines de dessalement de l’eau de mer. À elle seule, l’usine de Soreq, au sud de Tel Aviv, répond pratiquement aux besoins des deux millions d’habitants de cette zone métropolitaine. Désormais aussi, de l’eau est acheminée en sens inverse : pour renflouer le lac de Tibériade situé à quelque 215 mètres en dessous du niveau de la mer.

L’eau, vecteur de paix ou de conflit.

Une réussite qui s’accompagne d’un prix. L’eau et la politique sont étroitement entremêlées dans cette région du monde. « La situation, ici, est exacerbée, car le contexte géopolitique est très compliqué. Il y a actuellement plusieurs initiatives qui permettraient d’utiliser l’eau comme vecteur de paix plutôt qu’un catalyseur de conflits », observe Patricia Hugonin, consultante Eau et Environnement.

Principales victimes de cette tension : des communautés bédouines dont les villages non reconnus ne sont pas raccordés au réseau d’eau national. Et de nombreux points de friction avec les voisins palestiniens en Cisjordanie et à Gaza.

Mais Israël saisit au bond la nouvelle situation qui a été créée ces dernières années pour tenter une nouvelle approche. « L’autonomie hydrique d’Israël lui permet aujourd’hui de déployer toute une diplomatie dans la région, un leadership technologique. Les accords d’Abraham ont libéré un certain nombre d’opportunités économiques qui n’existaient pas avant », note Anne Baer, présidente d’Ikare Innovation et experte en Climat Tech.

À Glasgow lors de la COP26, le Premier ministre israélien Naftali Bennett avait pris l’engagement de réduire à zéro les effets de gaz à effet de serre d’ici 2050. Un objectif ambitieux.

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