Franceinfo : Quel bilan tirer du règne de Netanyahou ?

Frédéric Encel : Un bilan très positif sur le plan diplomatique, si l’on se place de son point de vue, car il a réussi à contourner les pressions de Barack Obama pendant huit ans. Par ailleurs, Israël a réussi à ouvrir un nombre très important d’ambassades en Afrique subsaharienne, en Asie centrale, à obtenir des contrats d’armement très importants avec des pays montants comme l’Inde. Sur le plan économique, Israël aujourd’hui est un Etat objectivement puissant, beaucoup plus qu’avant Netanyahou. Mais sur le plan social et sur l’immobilisme total concernant le conflit israélo-palestinien, pour le coup, Netanyahou laisse un bilan extrêmement négatif.

Quel avenir pour Netanyahou ?

La prison. Son prédécesseur Ehud Olmert avait tâté de la geôle, ainsi d’ailleurs que l’ancien président de l’État d’Israël, et pour moins que ça. En l’occurrence, Netanyahou est mis en examen pour trois affaires qui ne sont pas considérées comme délictueuses mais comme criminelles. Peut-être qu’il y échappera, mais je pense que les risques sont très importants qu’il soit contraint de subir une condamnation et donc une incarcération.

Une coalition entre des partis religieux très à droite et le centre gauche va donc prendre le pouvoir en Israël, peuvent-ils fonctionner ensemble ?

Ça peut fonctionner, à condition de laisser de côté les questions les plus brûlantes. En Israël, la question la plus brûlante n’est pas le conflit israélo-palestinien, en réalité ce sont les questions sociales. Netanyahou était un thatchérien convaincu qui a permis une impulsion économique en faveur d’Israël comme Etat, mais en laissant un peu plus d’un tiers de la population sous le seuil de pauvreté. C’est quelque chose qui va manifestement permettre à cette coalition d’être à peu près cohérente.

Est-ce que cette coalition peut avoir aussi un effet sur les relations extérieures d’Israël et la question de la paix au Proche Orient ?

Non je ne le crois pas. D’ailleurs, dans l’accord de coalition, il y a les mots « statu quo » qui sont très explicitement écrits, ça concerne le conflit israélo-palestinien. On ne peut pas espérer quoi que ce soit sur les questions liées à la grande stratégie. Par exemple sur le nucléaire iranien, entre Netanyahou et Lapid ou Bennett il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette. Fondamentalement, ils sont à peu près d’accord pour considérer que la bombe iranienne, c’est strictement impossible. Et au cas où vraiment il y aurait danger, on n’irait pas demander aux petits partis de la coalition de savoir ce qu’ils en pensent, les planificateurs politiques et militaires agiraient.

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