Les universités israéliennes ont été parmi les premières au monde à se doter de bureaux de transfert de technologies. Chaque année, la valorisation de la recherche universitaire du pays génère 250 millions d’euros de royalties.

Hossam Haick est à n’en point douter l’un des scientifiques vedettes du Technion. Non seulement ce natif de Nazareth âgé de 41 ans et titulaire d’un doctorat de génie chimique de l’Institut technologique de Haïfa, collectionne les récompenses : il a fait partie du classement des 35 jeunes chercheurs les plus prometteurs du monde par le MIT. Mais il est parvenu à convaincre l’institut centenaire de miser sur son invention à un stade très précoce : à savoir un « nez électronique » équipé de nanocapteurs capable de dépister les cancers et autres pathologies graves à partir de l’haleine des patients.

Dix ans après avoir recruté Hossam Haick et financé son premier laboratoire de recherche, le Technion ne regrette pas son choix. L’Institut de Haïfa a signé un accord avec l’Inserm afin de créer un laboratoire international sur le sujet dirigé par ce chercheur arabo-israélien ainsi qu’un joint-venture avec la société américaine Alpha Szenszor pour commercialiser le « Na Nose » à l’horizon de 2020.

« Le Technion est une institution qui sait prendre des risques, car c’est finalement la seule façon de générer de l’innovation », concède l’intéressé dans son petit bureau de la faculté de génie chimique et de l’Institut de nanotechnologie. Au total, le scientifique qui pilote une équipe de 36 collaborateurs, répartis sur neuf laboratoires pour une trouvaille totalisant 28 brevets, est parvenu à lever près de 15 millions de dollars – notamment auprès de l’Union européenne.

Un bureau de transfert de technologies dès 1959

C’est un fait : les universités israéliennes excellent dans le domaine de la valorisation commerciale de la recherche. Elles ont été parmi les premières au monde à se doter d’un bureau de transfert de technologies : dès 1959 pour l’Institut Weizmann. But de la manœuvre : encourager le dépôt de brevets, encourager la recherche appliquée, et les vocations de chercheurs entrepreneurs.

Cette politique a permis d’attirer dans le voisinage des grands campus des entreprises de stature internationale comme Intel ou Hewlett-Packard et de créer des parcs industriels autour des universités, à l’instar de celui de Rehovot qui jouxte l’Institut Weizmann.

Des bureaux de transfert de technologies très puissants

Au travers de sa structure T3, l’Institut Technion possède 50 sociétés dans son portfolio, auxquelles s’ajoutent 30 entreprises dont le Technion a licencié la technologie (et dans lesquelles il n’est pas actionnaire).

Parmi les investissements qui ont payé, celui dans Invision Biometrics – dont le Technion avait 14% du capital, une société de capteurs 3D pour la reconnaissance gestuelle. Cofondée en 2007 par le chercheur du Technion Ron Kimmel et par Sagi Ben Moshe (diplômé de la fac d’informatique du Technion), elle a été cédée à Intel fin 2011 pour 50 millions de dollars.

À raison de 80 dépôts de brevets par an gérés en partie par des étudiants en MBA, l’institut de Haïfa finance aujourd’hui 40% de son budget de recherche de 80 millions de dollars à partir des royalties.


Autre TTO (Office of Technology Transfer) très actif : celui de l’université hébraïque de Jérusalem baptisé Yissum. À l’heure où 40% de la recherche nationale dans les biotechnologies émanent de l’université hébraïque, Yissum aligne plusieurs partenaires internationaux, comme Novartis, Johnson & Johnson ou Merck. Et un nombre incalculable de « success stories ». À commencer par Mobileye, le leader mondial de l’assistance à la conduite coté au Nasdaq. Fondée en 1999 par Amnon Shashua, professeur de sciences informatiques à l’université hébraïque de Jérusalem, la société a mis au point le « troisième œil du conducteur ».

Au final, chaque année, le transfert de technologies génère 1 milliard de shekels (250 millions d’euros) de royalties en Israël ; une quinzaine d’entreprises nées d’un brevet développé sur un campus israélien voient le jour ; tandis qu’environ 150 technologies israéliennes issues d’une université ou d’un institut de recherche font l’objet d’un accord de licence.

Nathalie Hamou.

/www.letudiant.fr

 

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