LA CHRONIQUE DE GILLES LAMOUREUX. Alors que le marché des résidences secondaires connaissait un passage à vide ces dernières années, la période du confinement a brutalement réveillé le désir de beaucoup de Français d’acquérir une maison à la campagne, à la mer ou à la montagne. (Pour les juifs de France les plus fortunés, souvent une résidence secondaire les attend dans l’Etat Hébreu!).

Ce rêve de villégiature est très ancien, puisque les Romains l’avait déjà formulé de leur temps, le mot « villa » étant d’ailleurs arrivé jusqu’à nos jours inchangé.

A partir du Moyen-Age, tout noble cossu et tout grand bourgeois se devait de posséder une « maison des champs », afin de pouvoir fuir la puanteur et l’embarras des villes.

Manoir, gentilhommière, ferme ennoblie d’une tour, malouinière … étaient le refuge des nantis, les Rois de France exceptés, car ceux-ci partageant sa vie entre châteaux royaux et palais d’accueil lors de ses déplacements, n’avaient pas de résidence principale.

Ce n’est qu’en 1682 qu’un Roi, Louis XIV en l’occurrence, s’installa de façon permanente en un seul lieu, Versailles. Mais, à croire qu’une résidence secondaire est un besoin quasi « naturel », dès 1688, il se fit construire, à 7 kilomètres de là, à Marly-le-Roi, pour ses proches et lui-même une nouvelle demeure, où l’étiquette était moins sévère que dans son palais.

Si la notion de week-end était encore inconnue (le télétravail, non plus, d’ailleurs), le Roi n’hésitait pas à s’y échapper, d’abord quelques après-midis, puis de plus en plus jusqu’à la fin de sa vie. C’est d’ailleurs de cette petite et magnifique demeure, dont les bâtiments ont aujourd’hui disparus, que s’est inspiré le roi de Prusse Frédéric II de Prusse pour son  palais d’été, surnommé « Sans-souci » (en français dans le texte), pour se reposer des tracas de sa charge royale et des obligations de la cour.

Le hameau de la Reine, à Versailles, relève aussi, pour Marie-Antoinette d’une envie de nature et d’air pur, de déjeuners au soleil, de simplicité et de produits de sa ferme…

Mais ce goût du retour à la terre n’était pas partagés par tous et c’est ce qui est arrivé à Joseph Haydn, dont le patron le Prince Nicolas Esterházy, l’obligeait à l’accompagner lors de ses séjours d’été dans son palais de campagne dans la (grande) banlieue d’Eisenstadt.

Une année, le séjour fut plus long que prévu, et la plupart des musiciens de l’orchestre commençaient à se languir de leur foyer. Pour signifier habilement au Prince qu’il était temps de rentrer, Haydn a composé une symphonie où, dans le dernier mouvement, chaque musicien, l’un après l’autre, s’arrête de jouer et quitte la salle pour ne laisser à la fin que 2 violons qui jouent en sourdine. Cette pièce de musique s’appelle la symphonie des Adieux.

Précision : le lendemain de ce concert, la cour est retournée à Eisenstadt. Le message avait été compris.

https://www.youtube.com/watch?v=Tx8Tmu_AyYw

A regarder surtout à partir de 4’18

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