EDITORIAL DE YOUVAL BARZILAÏ.

Qui décide d’utiliser la force nucléaire? Qui est vraiment en charge du nucléaire israélien? Cette question posée par les éditorialistes du journal Haaretz ce vendredi est troublante mais est devenue pertinente car un trouble au sommet de l’Etat semble voir le jour sur « Qui fait quoi? ».

Des désaccords réels semblent émerger entre Ministres israéliens, le ministère de la défense israélien, le Shin Beth, le Mossad, le Premier Ministre et les agences de sécurité (Mossad). L’État d’Israël n’a jamais confirmé ni démenti sa capacité à utiliser l’atome à des fins militaires, suivant une doctrine d’ambiguïté délibérée.

La question du protocole de déclenchement nucléaire a bien été soulevée en Israël (« le doigt sur le bouton ») lors de la guerre de Kippour, mais le processus de décision est couvert par le secret. Un protocole a très probablement été mis en place en Israël car la hiérarchie militaire en a besoin. De toute évidence en Israël, la décision est prise de façon collégiale, pour qu’elle ne dépende pas du seul premier ministre. Ceci est vrai dans une démocratie. Impossible pour Netanyahou d’agir en solo. Le Chef d’Etat Major de Tsahal doit être au coeur de la décision. Sauf qu’Israël travers une crise sans précédent qui touche aussi l’armée.

Selon i24News : « Le chef d’état-major de Tsahal Herzi Halevi s’est exprimé lors d’un entraînement de réservistes de l’armée et a évoqué la crise de la réforme du système judiciaire et les lettres des réservistes qui ont refusé de s’entraîner en signe de protestation contre cette même réforme. Il a averti que les ennemis de l’État observent dans l’attente de repérer une opportunité d’attaquer.

« Nous sommes face à un défi à multiples facettes », a déclaré le chef d’état-major. « Nous voulons être prêts à le relever et cela signifie que nous avons besoin d’une armée régulière et d’une armée de réserve plus que prêtes. C’est indispensable », a-t-il ajouté.  » Nos ennemis nous observent et se disent qu’à un moment comme celui-ci, ils trouveront une faiblesse », a martelé Herzi Halevi ».

 

PUISSANCE NUCLEAIRE. Selon i24News : « Israël est la huitième puissance nucléaire mondiale, selon un rapport publié par l’American Federation of Scientists intitulé  » Statut des forces nucléaires mondiales ». Le classement est dominé par la Russie et les États-Unis possèdent en 2022 respectivement 5.428 et 5.977 ogives nucléaires, sur 13.000 unités dans le monde. Suivent ensuite la Chine avec 350 ogives nucléaires, la France (290), le Royaume-Uni (225), le Pakistan (165), l’Inde (160), Israël (90) et la Corée du Nord (20).

De son côté, l’Iran s’efforce depuis plusieurs années de devenir la dixième puissance nucléaire du monde. En 1987, à la fin de la guerre froide, le monde comptait plus de 70.000 têtes nucléaires, soit 5,5 fois plus qu’aujourd’hui.

Selon le rapport, « les États-Unis continuent de réduire lentement leur stock nucléaire. La France et Israël ont des inventaires relativement stables. Mais la Chine, l’Inde, la Corée du Nord, le Pakistan et le Royaume-Uni, ainsi que peut-être la Russie, sont tous soupçonnés d’augmenter leurs stocks ».

DISSIMULATION DU NUCLEAIRE. Selon Cairn.info, l’Etat Hébreu possède l’arme ultime et ne devrait pas le cacher: « Israël doit clairement faire savoir à ses agresseurs nucléaires potentiels que le recours à son bouclier antimissile s’accompagnerait automatiquement de frappes de riposte avec des armes atomiques.

Pour que cette menace soit crédible, Israël devrait : renforcer de manière visible son arsenal nucléaire ; réfléchir à la meilleure manière de lever une partie du voile recouvrant son programme nucléaire militaire ; sortir de sa posture d’ambiguïté et revendiquer ouvertement son statut d’État doté, dès que l’Iran sera suspecté d’avoir franchi le seuil nucléaire militaire ; accroître ses efforts pour se doter d’une capacité de frappe en second qui soit suffisamment protégée et dispersée (hardened and dispersed) pour survivre à une première frappe et convaincre tout agresseur potentiel qu’il s’exposerait à des représailles massives anti-cités (massive retaliation against readily-identifiable enemy cities) ».

(En raison de la censure militaire israélienne il est pratiquement impossible de traiter sérieusement et ouvertement du programme nucléaire israélien).

LE PLUS. Le programme nucléaire israélien est officiellement destiné à la recherche atomique. L’État israélien refuse catégoriquement que ses installations nucléaires militaires soient contrôlées par l’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), et l’AIEA a rejeté à plusieurs reprises la résolution de 18 pays appelant Israël à placer ses installations nucléaires sous sa supervision.

L’État d’Israël n’a jamais confirmé ni démenti sa capacité à utiliser l’atome à des fins militaires, suivant une doctrine d’ambiguïté délibérée.

Un accord a été signé entre Israël et l’Union européenne en 2008, en vue « d’initiatives communes de coopération pour l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire ». La recherche menée avec Israël concerne officiellement « l’application médicale de radionucléides, la protection des radiations, de même que la sécurité nucléaire dans la détection et l’identification de matériaux radioactifs ». Elle ne concernerait aucune activité de retraitement des déchets nucléaires et d’enrichissement

LE PLUS. I24NEWS. DECEMBRE 2022.

L’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) a affirmé qu’Israël doit renoncer à ses armes nucléaires lors d’un vote à 149 voix contre 6. Une version antérieure du texte avait été approuvée par la Cinquième Commission de l’AGNU en octobre par 152 voix contre 5. Outre Israël, le Canada, la Micronésie, Palau et les États-Unis ont voté contre la résolution. Le Liberia, qui avait été absent du vote en octobre, a changé de position et s’est opposé au texte. Vingt-six autres pays, dont l’Inde et de nombreux États européens, se sont abstenus de voter la résolution, qui fait partie d’un ensemble annuel de plus de 15 textes anti-israéliens et pro-palestiniens approuvés par l’AGNU.

Cette nouvelle résolution appelle Israël à « ne pas développer, produire, tester ou acquérir des armes nucléaires » et à « renoncer à la possession d’armes nucléaires ». Elle demande également qu’Israël adhère au traité de non-prolifération des armes nucléaires et à placer « toutes ses installations nucléaires sous les garanties complètes de l’Agence internationale de l’énergie atomique ». La résolution a été présentée par l’Autorité palestinienne et vingt autres pays.

La résolution elle-même faisait partie d’une série de dizaines de textes traitant de la question des armes nucléaires et de la prolifération nucléaire, dans lesquels Israël s’est parfois opposé ou abstenu.

 

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