Yuli Edelstein, député historique du Likoud et ancien président de la Knesset, a volontairement refusé de participer au vote sur la réforme judiciaire à la Knesset lors de la séance du 13 mars 2023. Il s’agissait de marquer sa désapprobation contre le projet de loi sur la clause dérogatoire.

Ce n’était pas une surprise mais son action est courageuse. Il avait déjà montré sa différence avant les élections en demandant un vote contre Netanyahou, pour exiger un nouveau leader du parti. Ce vote n’avait pas eu lieu car peu de militants l’ont suivi. Il a payé cette rébellion en se retrouvant placé au milieu de la liste des candidats alors qu’il était précédemment au sommet. Il a certes été réélu à la Knesset mais il n’a pas obtenu de poste ministériel, poussant ses détracteurs à justifier son aigreur. Depuis les dernières élections, il est devenu un électron libre pour montrer sa différence.

Edelstein avait invité la presse au tombeau de Joseph

Il a bien sûr été sanctionné pour son absence intentionnelle lors du vote sur la réforme judiciaire. Il ne sera plus autorisé à proposer des projets de loi d’intérêt privé, à soulever des sujets de discussion ou à parler au nom du Likoud au plénum de la Knesset pendant les trois prochaines semaines. Il avait osé demander au gouvernement de suspendre sa campagne coup de poing à la Knesset visant à faire adopter des législations très controversées qui introduiront des «changements radicaux dans le système judiciaire israélien». Il a évoqué la nécessité de donner une opportunité à des discussions avec l’opposition dont l’objectif serait d’assouplir le plan, ajoutant que d’autres, au parlement, partageaient le même point de vue que le sien.

Edelstein s’adresse aux opposants à la réforme judiciaire

Edelstein a un passé de militant discipliné, très proche de Netanyahou mais il a été le premier à faire acte de rébellion. Il pourrait attirer à lui d’autres frondeurs. «Nous avons l’opportunité d’arrêter, pour une période limitée, le processus législatif. Si on se réunit en adultes, sans agir comme des enfants de maternelle, alors il sera absolument possible de mettre au point un projet conjoint». Pour lui, Israël, qui se vantait d’être le pays le plus démocratique, est en passe de devenir une république bananière soumise à la volonté du Prince. Les règles démocratiques sont bafouées.

Yuli-Edelstein avec Shamir en 1987

Dans le passé, à la tête de la Knesset, il avait montré son soutien indéfectible au premier ministre au point d’avoir été critiqué par ses amis, d’être accusé de se comporter comme ceux qu’il avait combattus dans jeunesse et de fomenter un coup de force au parlement en bloquant le vote dans les commissions. À l’époque, le chef de l’État Reuven Rivlin, pourtant vétéran du Likoud, avait tancé Edelstein en estimant «qu’un Parlement paralysé entravait le bon fonctionnement d’un État en situation d’urgence». S’adressant à lui, il l’avait imploré de «ne pas laisser la crise nuire au système démocratique». Mais c’était un autre temps. Edelstein se comportait alors en complice des manœuvres du Likoud pour empêcher le vote des lois, le travail parlementaire et la désignation des commissions parlementaires. Il ne respectait ni la loi et ni le parlement.

Edelstein et les refuzniks

Cela démontre que Yuli Edelstein était un bon soldat au service du premier ministre et que sa rébellion est aujourd’hui justifiée. Il n’est pas sûr qu’il sera suivi par d’autres militants qui tiennent à leurs postes et à leurs avantages matériels. Mais l’alerte est donnée par un pilier historique du Likoud qui, en fait, ne veut pas combattre Netanyahou mais celui qui est en train de s’élever au-dessus de tous les militants historiques, à savoir Yariv Levin, que personne n’avait vu venir et qui ouvertement a fait une OPA sur son parti.

Mais nombreux sont ceux qui souhaitent qu’Edelstein se prononce ouvertement contre le projet parce que son absence lors du vote à la Knesset n’est pas selon eux suffisante. Quelque 500 manifestants se sont rendus près de son domicile à Herzliya pour lui demander de se prononcer sans équivoque contre le projet législatif. Pour eux : «hier, nous avons vu Edelstein dans une démonstration de demi-courage. C’est plus que rien, mais moins que ce qui est nécessaire. Par conséquent, jusqu’à ce qu’Edelstein prenne une position sans équivoque, nous sommes ici». Une petite pierre est tombée de tout l’édifice du Likoud mais elle peut avoir des conséquences plus graves pour l‘avenir du parti et de la coalition car c’est la première fois qu’un frondeur s’affiche ouvertement. Dans une interview accordée au quotidien israélien Yedioth Ahronoth, David Bitan a déclaré que le gel était nécessaire pour «calmer le pays», devenant ainsi le premier député Likoud à se prononcer en faveur de l’arrêt de la refonte judiciaire.

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