Les touristes israéliens sous le choc, quittent Paris pour le Sud de la France. La barre des 10 000 tonnes de déchets non ramassés dans les rues de Paris a été atteinte, selon l’estimation de la mairie, au douzième jour de la grève de ses éboueurs contre la réforme des retraites. Aucune benne de ramassage n’est sortie vendredi dans les arrondissements où la collecte est gérée par la Ville de Paris, contrairement aux propos du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui a affirmé vendredi matin que la réquisition des agents avait bien commencé.

SELON LES MEDIAS FRANCAIS :

La situation de la collecte des déchets à Paris était confuse, vendredi 17 mars, au douzième jour de la grève des éboueurs contre la réforme des retraites, avec 10 000 tonnes de déchets non ramassés mais un gouvernement qui affirme que la réquisition des agents « fonctionne ».

La barre symbolique des 10 000 tonnes a été franchie vendredi midi, selon l’estimation de la mairie, qui soustrait les déchets qui ont pu être ramassés par rapport à la moyenne en temps normal.

La maire de Paris, Anne Hidalgo, soutien du mouvement social, avait refusé mercredi de demander la réquisition d’agents au préfet de police.

Mais selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin vendredi matin, le préfet a « requis » jeudi soir « le service de la propreté de la ville » pour évacuer les ordures. « Dès aujourd’hui, dès ce matin, cette réquisition fonctionne et permet de ramasser ces poubelles », a dit le ministre de l’Intérieur sur RTL.

« Aucune benne n’est sortie côté public », a pourtant indiqué vendredi après-midi l’entourage de la maire de Paris. Pas de ramassage donc.

Des piétons passent devant des poubelles pleines dans le 5e arrondissement de Paris, le 17 mars 2023.
Des piétons passent devant des poubelles pleines dans le 5e arrondissement de Paris, le 17 mars 2023. © Bertrand Guay, AFP

La capitale possède un système de collecte particulier, instauré par son premier maire, Jacques Chirac : les agents de la mairie assurent la collecte des déchets dans la moitié des arrondissements (2e, 5e, 6e, 8e, 9e, 11e, 14e, 16e, 17e et 20e), tandis que l’autre moitié est desservie par des prestataires privés.

« Nous n’avons pas eu de benne dans les arrondissements en public », confirme Delphine Bürkli, la maire Horizons du 9e arrondissement, géré par le public et donc très touché par l’absence de ramassage. Mais des « réquisitions de garages [de camions-poubelles] pour prestataires privés » ont eu lieu, affirme l’élue de droite, qui en appelle à « la solidarité de la Ville » pour égaliser le traitement des déchets entre arrondissements.

Appel à l’armée pour le ramassage

Justement, les choses vont un peu mieux dans le 15e arrondissement dont le prestataire privé a vu, après un recours en justice, son garage débloqué jeudi par les forces de l’ordre. Avec ce déblocage, le 15e « a récupéré cinq bennes » par rapport au début de la grève, soit 10 au total « qui travaillent toute la journée », indique le maire LR Philippe Goujon.

« Le problème, depuis qu’on a recommencé la collecte, c’est que les bennes sont obligées d’aller à Romainville », commune située en Seine-Saint-Denis, à l’est de la capitale, soit à l’opposé du 15e. Dans ce centre de transfert des déchets, elles doivent ensuite patienter « une à deux heures pour décharger » en raison de l’engorgement général, explique l’élu de droite. Le maire du 15e appelle donc au déblocage des incinérateurs du syndicat métropolitain (Syctom), présidé par le socialiste Corentin Duprey et qui ne veut pas à ce stade demander l’intervention des forces de l’ordre.

« Il n’y a que 5 ou 6 % des éboueurs en grève », affirme Delphine Bürkli, qui demande à faire « appel à l’armée pour déblayer les rues ». La mairie reconnaît que le taux de grévistes parmi ses agents de la propreté est « en-dessous de 10 % ».

Le 49.3 « a remobilisé les troupes »

Pour la maire (Horizons) du 5e arrondissement, Florence Berthout : « Ces 5 % (de grévistes) ont le pouvoir de bloquer tout le ramassage, ou presque, en portant deux types d’actions : bloquer les garages en régie municipale et les centres d’incinération ».

À Ivry-sur-Seine, le plus gros des trois sites d’incinération du Syctom, la police est venue vendredi déloger les grévistes sur un des deux garages attenants, avant de se retirer.

L’accès à l’usine comme aux deux garages de camions-poubelles est toujours bloqué, a constaté l’AFP. Selon la CGT, 95 % des salariés du site de traitement d’Ivry et tous les chauffeurs des deux garages étaient en grève vendredi.

Le recours au 49.3 décidé jeudi par le gouvernement « a remobilisé les troupes, en fait (…). On n’avait jamais eu ce 100 % de grévistes sur ces deux garages-là » d’Ivry, « on l’a », a dit sur place Régis Vieceli, secrétaire général CGT de la filière déchets et assainissement à Paris.

« Nous avons douze ans d’espérance de vie en moins pour les éboueurs, et sept ans en moins pour les égoutiers », a fait valoir Fréderic Aubisse, égoutier de 54 ans. Avec deux années de travail supplémentaires, « on va crever au boulot comme on le dit, ce n’est pas possible », dit-il.

Les éboueurs interrogés sont déterminés à poursuivre par roulement leur grève reconductible jusqu’à lundi, jour de l’assemblée générale qui doit décider de la poursuite du mouvement.

Avec AFP

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