EDITORIAL. Pascale Zonszain (Radio J).

La semaine dernière Naftali Bennett donnait une conférence de presse pour un point sur ses soixante premiers jours à la tête de l’exécutif israélien. D’où il ressortait une impression d’accalmie après les semaines chaotiques qui avaient marqué les tractations sur la formation de la coalition et ses premiers pas hasardeux dans l’arène parlementaire. Le climat politique s’est nettement apaisé, comparé au mois de juin, quand les passes d’armes politiques, les manifestations et les pressions en tout genre sur ses futurs partenaires laissaient présager un éclatement rapide d’une majorité trop hétéroclite pour s’installer dans la durée.

Le style de gouvernance de Naftali Bennett, qui privilégie l’écoute sur le dirigisme, parait convenir à ses partenaires. La plupart des ministres reconnaissent que les réunions avec le chef du gouvernement se déroulent dans la cordialité, au point que certains trouveraient même Bennett trop courtois ou trop patient. Peut-être un reste de son passé de patron de startup, où il devait gérer des acteurs aussi peu expérimentés que lui et trouver le moyen de souder ses équipes autour d’un projet commun. Mais il faut constater qu’en l’espace d’un mois, il a bouclé le projet de Budget et l’a fait approuver à l’unanimité par son gouvernement. Ce que Benyamin Netanyahou n’était plus parvenu à faire depuis 2019.

A la Knesset, le chef du gouvernement israélien a pourtant essuyé quelques revers et pas mal de bizutage de la part des députés d’opposition, qui ne sont pas prêts à lui faire de cadeau. Naftali Bennett a dû retirer quelques textes en catastrophe, gérer des erreurs de débutant, et apprendre à ses dépens quelques manœuvres parlementaires de base, à commencer par une vigilance de tous les instants. Les vacances du parlement depuis la fin juillet lui ont donné un peu de répit.

Quant aux sondages d’opinion, ils restent stables, tant sur la cote du Premier ministre que sur le poids de sa coalition. Ce qui signifie que s’il n’a pas gagné de partisans, il n’en a pas perdu non plus et que sa légitimité politique ne fait plus débat.

Sur le front du Covid, l’explosion du variant Delta a obligé Naftali Bennett à entrer tout de suite dans le vif du sujet. Sur ce plan, il a bénéficié du travail du gouvernement précédent qui avait misé sur la vaccination massive et rapide de la population. Il a donc choisi de maintenir le cap de la protection vaccinale en l’élargissant aux plus jeunes et en misant sur la troisième dose. Ce qui permet au Premier ministre israélien de tenter l’option d’un maintien de l’activité sans retourner au confinement. On saura bientôt si ce choix se révèle efficace.

Naftali Bennett n’a pas encore rencontré de véritable épreuve sur le plan sécuritaire. Sa ligne reste dans ce domaine assez proche de celle de son prédécesseur, même s’il l’accuse de mauvaises performances sur le dossier iranien. Et un réchauffement du front palestinien pourrait l’obliger plus vite que prévu à des décisions difficiles.

Enfin, c’est donc aujourd’hui que Naftali Bennett a son premier entretien à la Maison Blanche avec le président Biden. Un grand oral qui compte double dans sa formation de Premier ministre israélien.

Pascale Zonszain (Radio J).

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