Le Cinéma israélien moderne.

Auteur : Carmela SERFATY – Chambre de commerce France Israël & Doron Dinai MD Avocat

Depuis la fin du dernier siècle et le début du 21e siècle, le cinéma israélien a pu se réinventer avec une force incroyable. C’est une illustration du 7e Art israélien qui reflète le mieux les changements en cours dans le genre cinématographique national héroïque Sioniste, notamment suite à la critique que les « nouveaux historiens » ont permis de faire émerger. En rectifiant certains fondements du mythe fondateur, c’est-à-dire ceux « d’une terre sans peuple pour un peuple sans terre » ainsi que celui de « David contre Goliath » qui fait référence à la faiblesse militaire confrontée à la victoire miraculeuse de 1948, tout en glorifiant l’homme Sabra, une personne virile souvent machiste, comme un héros mettant à l’écart la « femme reproductrice » et servant au « repos du guerrier ».

Marquant une rupture avec cette tradition, le cinéma israélien interroge le système de valeurs du sionisme en présentant, la femme, le religieux et le Palestinien dans leur environnement. Ces mises en scène montrent comment la violence mine la société israélienne de l’intérieur. Le but est de ne plus reprendre ces mythes et le sionisme des fondations pour écrire une histoire plus juste pour une société plus saine, plus laïque et plus libérale. Cette nouvelle donne a permis au cinéma indépendant d’augmenter sa production, d’assurer la présence d’Israël aux festivals internationaux et d’améliorer la formation des professionnels. En 2016, la loi sur le financement des films, de Miri Regev, ex-Ministre de la culture, a permis de financer des films à la fois sionistes, juifs, arabes et orthodoxes avec une augmentation des budgets de 4,8 millions d’euros par an. Cela représente une nouvelle étape qui traduit la façon dont le cinéma a réécrit l’historiographie israélienne en l’intégrant dans le courant plus large d’une société bourgeoise à l’aise sur le plan matériel et qui veut laisser la politique des guerres derrière elle, en se focalisant sur des valeurs plus humanistes. Cette problématique est reprise dans le film Waltz with Bashir de 2008 par Arie Folman. De nos jours, le cinéma israélien jouit d’une popularité croissante à l’échelle internationale. À ce titre, des nombreux festivals internationaux permettent de mieux connaître la problématique de la culture israélienne :

  • Festival de Jérusalem du 1er au 31 août 2021 : Une sélection unique du cinéma israélien et celle du monde (https://jff.org. il/en)
  • Festival international du film de Haïfa 19-28 septembre 2021 : avec une programmation internationale. Il attire plus de 60 000 visiteurs (https://www.haifaff.co.il/eng)
  • Festival Séries mania Lille du 28 août au 2 septembre 2021 : Leticia Godinh, la directrice de programmation prévoit de montrer les meilleures séries du monde, parmi lesquelles des séries israéliennes dont le choix pourrait surprendre (https:// seriesmania.com/)
  • Le festival de cinéma israélien de Paris organisé par Helene Schoumann du 4-11Octobre 2021 avec le film Incitement de Yaron Zilberman (https://www.festivalcineisraelien.com/)
  • Le Festival de Cannes du 6-17 juillet 2021 : Il présente une sélection des meilleurs films israéliens dont plusieurs ont obtenu la palme d’or ou d’argent. En 2019 par exemple, le film Synonymes a obtenu la médaille « l’ours d’or » de Nadav Lapide à Berlin. Cette année, divers films israélien sont en compétition dont celui de Nadav Lapid intitulé Le Genou d’Ahoued. Ce cinéaste était membre du Jury en 2016. Son film retrace la trajectoire d’un jeune cinéaste seul qui se jette dans deux combats voués à l’échec, le premier pour l’indépendance dans son pays (Palestine) et le second contre la mort de sa mère. La fin s’annonce très sombre et personnelle, car le jeune journaliste arabe est contraint de retourner vivre dans son village où il est confronté à un dilemme interne : être Palestinien avec la nationalité israélienne
  • En animation hors compétition : Where is Anna Frank ? De Arie Folman. Il poursuit le travail de mémoire poétique en hommage à ses parents exterminés en même temps qu’Anna Frank
  • Certain Regard – Le cinéaste Eran Kolirin présente Et il y eut un Matin.
  • Séances Spéciales Shlomi Elkabetz, Cahiers Noirs est un documentaire sur sa sœur Ronit Elkabetz l’actrice décédée en 2016.. Dans le sillage des films post-modernes, du fait de la situation politique et sociale du pays, certains cinéastes comme Yariv Horowitz dans Ma Vie interrogent sur la façon de construire une société qui permette aux différentes catégories ethnicosociales de vivre ensemble dans des quartiers où la mixité entre les Palestiniens et les Israéliens est bien réelle. On peut espérer que les Accords d’Abraham de 2020 permettront des collaborations intéressantes sur le plan cinématographique et pourront ouvrir un chemin menant à la paix.

 

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