Lod, Acco, Ramle, Haïfa… émeutes et violences. Batailles entre juifs et musulmans.

Par |2021-05-12T09:38:55+02:0012 Mai 2021|Catégories : NEWS|

EMEUTES LOD. Alors que l’escalade militaire entre le Hamas et Israël s’est intensifiée dans la nuit de mardi à mercredi, la situation a dégénéré Lod, ville mixte au sud de Tel-Aviv. Pour la presse israélienne, ces violences mettent en péril la coexistence entre Juifs et Arabes au sein de l’État hébreu.

Le Premier ministre israélien a décrété mercredi l’état d’urgence dans cette municipalité située au sud de Tel-Aviv, théâtre ces dernières heures, selon la police, “d’émeutes” de la minorité arabe. Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées dans de violents affrontements visant aussi bien des Juifs que des Arabes, selon Ha’Aretz.

D’après le Times of Israel, trois synagogues, de nombreux commerces et des dizaines de voitures ont été incendiés. Le maire de la ville, Yaïr Revivo, a affirmé que l’hôtel de ville et un musée local avaient également été attaqués. L’édile, un proche de Benyamin Nétanyahou, a comparé la situation au “pogrom de la nuit de Cristal, en 1938”. “Nous sommes au bord de la guerre civile”, a-t-il affirmé au Times of Israel, regrettant que “des dizaines d’années de coexistence” entre Juifs et Arabes dans cette ville mixte se soient “effondrées”.

Selon le site israélien, un cimetière musulman à Lod a également été incendié dans la nuit. La situation s’est dégradée dans la ville mardi, après la mort lundi d’un Arabe israélien tué par balle par un résident juif en marge d’une violente manifestation, rapporte Yediot Aharonot.

Des affrontements sans précédent

D’autres violences entre juifs et musulmans ont aussi éclaté ces derniers jours dans plusieurs autres villes du pays, comme à Saint-Jean-d’Acre, Haïfa ou encore Ramle. Interrogé par le Times of Israel, le commandant de la police nationale, Kobi Shabtai, a estimé que ces événements étaient sans précédent. “Nous assistons à quelque chose que nous n’avions jamais vu avant dans les villes mixtes [juives et arabes], a-t-il expliqué. Même lors des incidents d’octobre 2000 [où des émeutes généralisées avaient éclaté parmi les Arabes israéliens au début de la deuxième Intifada].”

Dans une analyse publiée sur le site du Jerusalem Post, le journaliste Herb Keinon estime que les dirigeants arabo-israéliens doivent rapidement “condamner la violence et les émeutes”, au risque que “les relations entre les Arabes israéliens et les Juifs fassent un bond en arrière de deux décennies”. Ce serait “particulièrement frustrant, sachant que ces violences ont lieu au moment même où le pays semblait sur le point de renforcer les liens entre ses communautés juive et arabe”, remarque-t-il.

“Pendant la crise du coronavirus, on a vu le personnel médical juif et arabe travailler côte à côte”, rappelle Herb Keinon. Le chef du parti islamiste Ra’am, Mansour Abbas, était aussi “apparu ces dernières semaines sur la scène politique en prononçant des discours en hébreu sur la coexistence” entre juifs et musulmans, note-t-il. “Pour la première fois, un parti arabe avait été perçu par une grande partie du public israélien comme un partenaire gouvernemental légitime.”

Noémie Taylor-Rosner
www.courrierinternational.com
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