HISTOIRE. Depuis sa création, Magen David Adom a été longtemps refusé comme membre officiel du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge parce qu’il refusait de remplacer l’étoile de David par l’un des emblèmes décrit dans les Conventions de Genève. De ce fait il n’était pas reconnu par de nombreux pays. Mais en réalité, le Magen David Adom a, dès son origine, adopté les principes de la Croix-Rouge et a été en relation avec le mouvement international. Il a fonctionné sur un pied d’égalité avec les autres Sociétés nationales de la Croix-Rouge.

En 1949, lors de l’adoption d’une nouvelle version des Conventions de Genève, la demande israélienne d’ajouter l’étoile de David rouge aux emblèmes reconnus dans les Conventions de Genève est rejetée, à une courte majorité, par les hautes parties contractantes (pays signataires), au motif officiel d’éviter la prolifération de symboles différents – et la confusion qui s’ensuivrait. Pourtant, en 1929, la Turquie et l’Iran avaient réussi à faire inscrire, dans la précédente version des Conventions de Genève, les symboles utilisés par leurs sociétés de secours, respectivement le croissant rouge, et le Lion-et-Soleil rouge (disparu lors de la révolution iranienne au profit du croissant rouge). Cela fut acté par la conférence diplomatique de 1929, à condition de limiter la diversification des emblèmes à ces trois cas afin d’éviter les risques de mauvaises identifications des emblèmes humanitaires et les pertes humaines qui en résulteraient.
La délégation d’Israël émit donc une réserve, confirmée lors du dépôt des instruments de ratification le  : « … que, tout en respectant l’inviolabilité des emblèmes et des signes distinctifs de la Convention, Israël se servira du Bouclier Rouge de David comme emblème et signe distinctif du service sanitaire de ses forces armées ». Cette réserve, et la situation de fait qu’elle annonce, fut à son tour dénoncée par deux états : le Liban et par les États-Unis.

Malgré ce manque de reconnaissance officielle, le Magen David Adom a fonctionné de facto comme une société membre de la Croix-Rouge. La coopération s’est accrue dans les faits depuis le milieu des années 1990 : 2,2 millions de dollars ont été dépensés pour renforcer la coopération entre les deux organismes, un accord de 2 ans a été signé en 2004, qui garantissait notamment un soutien accru aux activités de la banque du sang du MDA qui est devenue la plus performante du Moyen-Orient.

Entre 1950 et 1990, d’autres pays, comme l’Inde, le Sri Lanka, l’URSS, le Kazakhstan, le Siam, l’Afghanistan, l’Érythrée ou encore le Zimbabwe ont essuyé le même refus qu’Israël lorsqu’ils ont demandé de pouvoir utiliser des symboles différents ou même une combinaison des deux symboles reconnus. Outre la raison formelle de ce refus qui repose sur les accords de 1929, la Croix-Rouge craignait que ces emblèmes différents ne perdent toute efficacité en termes de protection des humanitaires et des victimes des conflits, car, d’une part, les emblèmes multiples sont moins facilement identifiables, et d’autre part, ils se trouvent étroitement associés à l’une des parties en conflit et perdent ainsi toute valeur de neutralité. C’est pourquoi dès 1992, le président du CICR Cornelio Sommaruga propose l’adoption d’un emblème neutre entièrement nouveau, non religieux, non ethnique et sans aucune connotation politique.

L’argument de la prolifération inconsidérée des symboles est interprété par certains comme une prise de position anti-israélienne, ainsi le docteur Bernadine Healy, présidente de la Croix-Rouge Américaine, écrit-elle en dans une lettre à l’International Herald Tribune : « Le fait que le Comité international craigne la prolifération de symboles est une idiotie utilisée depuis des dizaines d’années pour expliquer l’exclusion du Magen David Adom. » Pour la même raison, Cornelio Sommaruga est considéré comme « hostile à Israël».

L’initiative du président du CICR débouche néanmoins sur une série de propositions faites d’abord au Conseil des Délégués de la Croix-Rouge réuni à Séville en , puis à Genève en 1999 lors de la 27e Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Dès , la solution du « cristal rouge » (qui n’a pas encore de nom) est prête à être entérinée par convocation anticipée de la 28e Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, suivie par une conférence diplomatique à l’invitation du gouverment suisse. Toutefois, ces réunions sont ajournées en raison de l’éclatement de la Seconde Intifada. C’est finalement le que la conférence internationale des signataires des Conventions de Genève a adopté le cristal rouge comme nouvel emblème, ouvrant la voie à la reconnaissance officielle du MDA.

Simultanément, mandaté par le CICR et la Fédération, l’ambassadeur suisse Didier Pfirter a piloté des négociations entre le Magen David Adom et le Croissant-Rouge palestinien, débouchant sur un accord de coopération entre les deux sociétés.

Le , le Magen David Adom (et le Croissant-Rouge palestinien) sont officiellement admis par la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge en tant que membres de plein droit.

L’emblème du MDA, hors du territoire israélien, est désormais l’étoile de David inscrite dans le cristal rouge, reconnu internationalement depuis 2005, par l’article 2 du IIIe protocole additionnel aux Conventions de Genève. Il offre une protection en temps de guerre équivalente à l’emblème de la croix rouge (qui est la manifestation visible de la protection accordée par les Conventions de Genève). Il est utilisé pour les opérations du MDA à l’étranger. L’article 3 du IIIe protocole additionnel autorise, sur le territoire israélien, le MDA à utiliser son emblème historique, seul emblème non officiel à ne pas avoir disparu.

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