Depuis septembre, et l’interdiction de l’importation de veaux élevés en Israël dans les Territoires palestiniens, Israéliens et Palestiniens se livrent à une guerre commerciale.
« Une victoire pour le droit international. » C’est en ces termes que l’Autorité palestinienne (AP) a salué, mercredi 12 février, la publication par l’ONU d’une liste de 112 sociétés ayant des activités dans les colonies israéliennes établies en Judée Samarie.
Il y a cinq mois, en septembre, les Palestiniens avaient décidé de cesser d’importer des veaux élevés en Israël dans le cadre de leur politique de « désengagement » politique, administratif et économique avec leur voisin.Le bannissement des veaux israéliens est la première étape de la stratégie imaginée par le Premier ministre Mohammed Shtayyeh, économiste de formation, qui veut garantir une certaine autonomie aux Territoires palestiniens, dont l’économie dépend totalement de son voisin israélien.
« Nous exerçons notre droit naturel de diversifier nos marchés, en encourageant l’importation directe et en développant nos produits locaux d’une manière qui augmente les chances de renforcer notre économie », souligne Khaled Al-Assili, ministre palestinien de l’Économie.

Mesures de rétorsionDepuis, Israéliens et Palestiniens se livrent à une guerre commerciale à coup de mesures de rétorsion.
Mis sous pression par la colère des éleveurs de bovins israéliens, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a répliqué en suspendant, depuis début février, l’importation de produits agricoles de Judée Samarie, d’où ils étaient en grande partie réexpédiés vers l’Europe.
Ne disposant ni de port, ni d’aéroport, les Palestiniens exportent leurs marchandises via les ports israéliens, notamment ceux d’Ashdod et Haïfa, conformément au Protocole économique de Paris de 1994, qui régit les relations économiques entre Israël et les Territoires palestiniens.
Le 3 février, l’AP a riposté en interdisant l’entrée de certains produits de consommation israéliens (légumes, fruits, boissons gazeuses, jus et eau minérale) dans les Territoires palestiniens.
Les importations de produits agricoles israéliens ont avoisiné 600 millions de dollars en 2018, et représentaient 71 % des importations dans ce secteur, selon les dernières données palestiniennes.
De l’autre côté, selon le ministère palestinien de l’Économie, les exportations de produits agricoles palestiniens vers Israël se sont élevées à environ 88 millions de dollars en 2018, ce qui représente 68 % des exportations agricoles palestiniennes.
Le 9 février, dans un communiqué du Cogat, l’unité du ministère israélien de la Défense qui supervise les activités civiles dans les Territoires, l’État hébreu annonçait l’interdiction de l’exportation des produits agricoles palestiniens via le passage d’Allenby.
Ce passage est vital pour l’économie palestinienne, car il relie la Cisjordanie occupée à la Jordanie voisine, d’où les produits locaux, notamment pour les dattes et l’huile d’olive, sont exportés vers le reste du monde.
Le Cogat a indiqué que ce blocage était une réponse au « boycott palestinien des veaux, qui a gravement nui aux éleveurs de bétail israéliens ».
Et de prévenir : « Les sanctions sont échelonnées et renforcées […] tant que le boycott et la crise ne seront pas résolus ».
Le ministère de l’Agriculture palestinien a qualifié les mesures israéliennes de « très dangereuses » et évoqué lui aussi « de nouvelles mesures » de rétorsion.
« Nous sommes pleinement conscients qu’il y aura des effets négatifs qui découleront des mesures israéliennes, mais je le dis avec confiance, les conséquences négatives affecteront également l’économie israélienne », a justifié le ministre palestinien de l’Agriculture Riyad Al-Atari.

Source France 24

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