Les électeurs israéliens l’attendaient depuis plusieurs semaines. Sécurité, diplomatie, économie, société civile, santé… Le mouvement Kahol Lavan, né de l’alliance de l’ancien général Benny Gantz avec le centriste Yair Lapid le 21 février, vient enfin de rendre public, mercredi 6 mars, un document de 45 pages de propositions en vue des élections législatives du 9 avril. De quoi en savoir un peu plus sur cette formation qui remet en question la victoire jusque-là annoncée du Premier ministre Benyamin Netanyahou, visé par une triple procédure d’inculpation. A un mois du scrutin, Kahol Lavan dépasse en effet le Likoud de Netanyahou dans les sondages. Mais qui est le leader de ce mouvement ? Expérience militaire, programme, famille… Voici dix choses à savoir sur Benny Gantz, ex-chef d’état-major et novice en politique :

1Soldat

Benny Gantz a passé trente-huit années sous les drapeaux. Engagé en 1977 chez les parachutistes, il gravit les échelons de Tsahal au pas de course. En 1991, il commande l’unité d’élite chargée de sécuriser à Addis-Abeba le pont aérien par lequel 14.000 juifs éthiopiens sont évacués vers Israël. Il devient attaché militaire à l’ambassade d’Israël aux Etats-Unis en 2007 avant d’accéder en 2011 au poste de chef d’état-major. Il mène alors deux offensives contre Gaza en 2012 et 2014.

2 Boys’ club

Le nouveau parti fondé par Benny Gantz, 59 ans, et le journaliste Yair Lapid, 55 ans, fait la part belle aux hommes avec des épaulettes bien garnies. Kahol Lavan a ouvert ses portes à deux autres anciens chefs d’état-major : Moshe Ya’alon et Gabi Ashkenazi. On ne compte que deux femmes dans les dix premiers candidats du parti. Huit dans les trente premiers.

3Quel programme ?

Le programme de Benny Gantz est resté de longue semaines bien succinct. Quelques généralités dans les clips et dans ses tracts, des citations ici ou là pour compléter les paragraphes les plus flous… Le silence était tel qu’il est devenu un sujet de moquerie sur internet : une page Facebook a été créée pour compiler des idées à lui suggérer ! Depuis le 6 mars, les électeurs israéliens en savent un peu plus. A un mois des élections le duo Gantz-Lapid a enfin détaillé des mesures en matière de sécurité, diplomatie, santé, économie…

4Sécuritaire… 

L’équipe de campagne de Benny Gantz exploite l’expérience militaire de son candidat. Le 20 janvier, elle publiait plusieurs vidéos dont l’une se félicitait que, sous son commandement, une partie de Gaza ait été « renvoyée à l’âge de pierre », pendant la guerre de 2014. Lui-même a promis qu’Israël garderait la responsabilité de la sécurité à l’ouest du Jourdain, y compris donc en Cisjordanie. Le programme de Kahol Lavan affirme la nécessité de « protéger sans concessions les intérêts sécuritaires de l’Etat d’Israël ».

5… et social

Le général, fils d’un responsable local du Parti travailliste, marche également sur les plates-bandes du parti de gauche. Lors de son premier discours de campagne, il a plusieurs fois utilisé l’expression « mamlachtiyut », un terme des années 1950, sous Ben Gourion, qui signifie à la fois une forme d’étatisme, de centralité du service public et de solidarité.

6Sa mère

Benny Gantz évoque souvent la mémoire de sa mère, Malka, survivante de Bergen-Belsen, qui lui aurait notamment conseillé durant les guerres de Gaza qu’il a menées de « continuer les combats, mais de ne jamais cesser de livrer de la nourriture » aux habitants. Signe du destin, Malka vécut dans le ghetto de Budapest dans le même immeuble que le père de Yair Lapid, Tommy.

7″Israël avant tout »

« Israël avant tout » est le slogan de Benny Gantz. Lors des funérailles de l’écrivain Amos Oz, le 31 décembre, il déclarait : « La gauche ou la droite, aucune importance, ce qui compte c’est Israël. » Le nom du parti qu’il a fondé avec Yair Lapid, Kahol Lavan, signifie « Bleu et Blanc », les couleurs du drapeau d’Israël.

8Retrait

Dans la première interview de sa campagne, donnée au quotidien « Yediot Aharonot », Gantz avait évoqué un possible retrait de certains territoires palestiniens. En octobre, il souscrivait à un plan présenté par l’Institut d’Etudes sur la Sécurité nationale (INSS), préconisant des mesures unilatérales, en contradiction avec la stratégie de Netanyahou qui prône le statu quo avec les Palestiniens. Il a toutefois évoqué le renforcement des blocs de colonies les plus importants et présenté Jérusalem comme la capitale unifiée de l’Etat d’Israël. Des mesures confirmées dans le programme rendu public le 6 mars.

9Rabin

Supporters et détracteurs comparent le nouveau leader israélien au prix Nobel de la paix. « Gantz rappelle Rabin. Ses paroles ont touché les gens », a commenté l’analyste politique vétéran de la gauche, Amnon Abramovich. « Benny Gantz est un escroc comme Rabin », a dénoncé le très droitier présentateur de radio Yoram Sheftel. « Il divisera Jérusalem si, Dieu nous en préserve, il devient Premier ministre. » Lui-même ne rejette pas cette comparaison et utilise l’image de Rabin, premier ex-chef d’état-major devenu Premier ministre.

10Nouveau Likoud

Dans le parti de Benny Gantz, les dissidents du Likoud sont légion. L’ancien ministre de la Défense Moshe Ya’alon, l’ancien porte-parole de Netanyahou Yoaz Hendel, l’ancien secrétaire du cabinet du Premier ministre Zvi Hauser… la liste s’allonge des ténors du parti de Benyamin Netanyahou qui ont changé de camp pour le rejoindre.

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