Nathalie Sosna-Ofir : Pourquoi le Caire tient-il autant à l’apaisement entre Israël et Gaza ? Comme à chaque flambée de violence entre Israël et Gaza, comme celles de ces dernières semaines, l’Egypte déploie des efforts considérables pour apaiser les tensions et envoie dans l’enclave des négociateurs.

En fait l’intérêt de l’Egypte est multiple. La responsabilité envers Gaza, un territoire qu’elle a contrlé de 1948 à 1967, sans toutefois donner aux palestiniens ni indépendance ni autonomie.
Pour les é^Egyptiens Gaza est aussi la porte arrière sur la péninsule du Sinaï. Quand Mohamed Morsi, proche des Frères Musulmans, arrive au pouvoir en 2012 s’ouvre alors pour Gaza une ère sous patronage islamique.
Mais depuis l’arrivée d’Abdel Fatah Al Sissi en été 2013, le Hamas est pris en étau, entre Israël au Nord et l’Egypte au Sud. Le régime d’Al Sissi a poursuivi les frères musulmans et a même déclaré le Hamas groupe terroriste.
Après plusieurs attentats perpétrés par Daesh dans le Sinai, les égyptiens accusent le Hamas de faire passer en contrebande des armes aux terroristes et en 2015 inonde les tunnels de contrebande de l’organisation, une mesure radicale que même Israël n’a pas adoptée.
Cependant, ces deux dernières années, l’approche du Caire vis-à-vis du Hamas est devenue plus pragmatique car l’armée égyptienne a compris qu’il était préférable de s’allier au Hamas dans sa guerre contre Da’esh dans le Sinaï, une menace commune qui se ressent sur le tourisme dans la péninsule.
Les Egyptiens comprennent aussi que s’ils renoncent à s’occuper de Gaza, alors le Hamas se tournera vers d’autres médiateurs, des ennemis de l’Egypte et notamment l’Iran.
Or si l’Iran gère l’enclave palestinienne cela veut dire conflits permanents avec Israël et donc instabilité régionale. Et enfin, après la violence répression par le Hamas des manifestations de protestation des gazaouis contre le chômage et la cherté de la vie de ces derniers semaines, la presse arabe se pose de plus en plus la question de savoir si la responsabilité sur Gaza doit incomber seulement à Israël et quel est le niveau de responsabilité du Hamas dans la détérioration de la situation économique ?
Cependant le Caire ne peut prétendre parvenir à un accord d’apaisement de longue durée mais seulement à une suite de cessez le feu comme celui qui devrait être ratifié ces jours-ci sur la base de calme contre calme.

Nathalie Sosna-Ofir (Facebook page)
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