Le Brexit est à la une des news de cette semaine. Et en Israël? Fin 2018, le ministre britannique du Commerce extérieur Liam Fox avait rencontré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en vue de stimuler les échanges entre les deux pays au moment où la Grande-Bretagne s’apprête à sortir de l’Union européenne (UE). «Alors que la Grande-Bretagne quitte l’UE, nous voulons renforcer nos relations stratégiques avec les pays qui partagent nos valeurs», a affirmé Liam Fox lors d’une déclaration de presse commune avec le chef du gouvernement israélien.
Il a vanté les relations commerciales entre Israël et la Grande-Bretagne -deux «nations de libre-échange»- et les a qualifiées de rempart dans «un monde où les sombres appels au protectionnisme se multiplient». «Nous voulons être certains de continuer à développer nos échanges commerciaux à n’importe quelle condition», a souligné M. Netanyahu, précisant que la Grande-Bretagne est le premier partenaire commercial d’Israël en Europe. (Paris Match)
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C’est un nouveau mystère : l’économie britannique, à qui presque tous les experts prédisaient l’enfer à la suite du referendum sur le Brexit, résiste toujours alors que l’Allemagne qui faisait figure de maître de l’Europe a frôlé la récession fin 2018. Ce n’est pas une simple histoire de décalage conjoncturel et il faut revenir sur l’ADN même de ces deux économies.
Le modèle globalo-financier du Royaume-Uni tient encore

Si le Royaume-Uni résiste, c’est que le grand Londres (près du quart du PIB du pays) est en son cœur. La City, tient toujours et reste le poumon financier européen. Bien entendu, des sociétés financières délocalisent mais les départs s’effectuent au compte-gouttes. Selon le cabinet de consultants EY qui interroge 222 entreprises de la City et qui tient le décompte, 7 000 emplois ont été ou vont être déplacés à court terme du centre financier londonien vers l’Union européenne. En y ajoutant les 2 000 postes que ces sociétés ont créés localement dans les pays de l’UE, le total de 9 000 personnes représente seulement 2% des effectifs de la place londonienne. Quant aux actifs transférés, 800 milliards de livres, ils représentent moins de 10% du total. Pas de quoi mettre en péril la suprématie financière de la capitale britannique face à des places comme Paris ou Francfort. Signe du flegme britannique, le marché de l’immobilier : à Londres, les prix restent suspendus à leurs sommets historiques. Il y a eu certes un coup d’arrêt à la progression depuis deux ans mais pas de décrochage, pas de ventes paniques et au niveau national ils continuent de progresser.

Le stoïcisme des habitants se retrouve également dans la résilience de la consommation : depuis le deuxième trimestre 2016, les dépenses des ménages progressent sur une base annuelle comprise entre 1,5 et 2% c’est proche voire au-dessus de la moyenne des 15 dernières années. Et si les Anglais consomment c’est parce les gains de pouvoir d’achat sont là : les hausses de salaires sont fortes et les créations d’emplois nombreuses.  En outre, le taux de chômage est collé à 4%, au plus bas depuis février 1975, ce qui incite les ménages à puiser dans leur épargne pour consommer plus.
Bref, le modèle de développement britannique que l’on peut qualifier de « globalo-financier », dont les deux clés de voute sont la force de la finance et la surpondération de la consommation, reste encore debout et chancèle à peine. Bien entendu, ce modèle génère des déséquilibres, extérieurs, courants et publics mais, pour l’heure, le gouvernement britannique n’a pas de peine à trouver les financements et les taux à 10 ans restent contenus, légèrement supérieurs à 1%, ce qui compte tenu du niveau d’inflation (proche de 3%) est faible.
Le modèle allemand bat de l’aile

En revanche, le modèle « mercantiliste » et ultra-excédentaire allemand, qui tire sa force de son industrie ultra-compétitive, bat de l’aile. La thèse de l’accident conjoncturel ne tient plus. Ce n’est pas tant un problème de compétitivité que d’épuisement des débouchés extérieurs émergents, et notamment chinois et leur montée en gamme qui dépasse tous les pronostics. L’exemple de l’automobile est emblématique. Pour la première fois depuis 30 ans, les immatriculations sont en baisse en Chine, car le marché est en partie saturé. Il faut y voir certainement le marqueur du coup d’arrêt du développement de la classe moyenne, un phénomène qui touche tous les émergents, et qui ébranle toute la stratégie allemande de repositionnement sur cet eldorado. Cela a bien évidemment pesé sur le niveau d’activité des sites allemands dont les trois quarts de la production sont destinés à l’export. Certes, il y a dans l’effondrement soudain de la production de véhicules les conséquences des difficultés de mise en place de nouveaux tests d’homologation imposés par Bruxelles, mais le rattrapage tant espéré n’a pas eu lieu. Tout simplement les automobiles allemandes se vendent moins.

Or l’automobile c’est un cinquième de l’industrie allemande et 14% de son PIB, un secteur dans le collimateur de l’administration Trump. Et à cette menace s’ajoute le défi technologique de la révolution électrique. Or parmi les 20 modèles électriques les plus vendus dans le monde, aucun n’est allemand. La spécialisation internationale de l’Allemagne dans les biens d’équipement et l’automobile notamment adaptée aux pays émergents est devenue un handicap. Résultat, l’industrie allemande est tombée en récession technique fin 2018 avec deux trimestres d’affilés dans le rouge.
Ajouter à cela une société allemande de plus en plus fragmentée, le manque de bras, que le filon de l’immigration ne comble plus, le manque d’infrastructures, la fragilité du système bancaire, et maintenant la flambée des prix de l’immobilier qui grève le budget des ménages et l’on comprend mieux pourquoi le piège semble se resserrer sur l’économie allemande quand l’économie britannique, même bousculée par le Brexit, s’en libère.

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