Après la haute technologie, Israël mise désormais sur le cannabis médical pour partir à la conquête d’un marché mondial qui connaît une croissance de 30% par an.
Israël devient une terre promise pour le cannabis médical. Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a donné ce dimanche 27 janvier son feu vert à l’exportation de cet anti-douleur, paré de toutes vertus pour alléger les souffrances en cas de cancer, de sclérose en plaques, de Parkinson, de stress post-traumatique, d’épilepsie, de troubles du sommeil… L’enjeu est de taille : les ventes mondiales annuelles devraient grimper à plus de 30 milliards d’euros d’ici cinq ans, tandis que les exportations israéliennes pourraient tutoyer la barre du milliard. Jusqu’à présent, 40 pays ont légalisé le cannabis médical, mais ce chiffre devrait aussi grimper très vite.
Signe des temps : Ehud Barak, l’ancien Premier ministre et chef d’état-major, s’est reconverti sans états d’âme dans le cannabis médical en se faisant bombarder directeur d’Intercure, une firme spécialisée dans ce secteur. Grand bien lui en a fait : les 5% d’actions qu’il a empochées ont grimpé de 160% en cinq mois. Consécration suprême, il a représenté l’entreprise, qui prévoit de produire 100 tonnes par an de cannabis médical, au dernier Forum de Davos, le cénacle du capitalisme mondial. Toujours à l’affût de bonnes affaires, une importante délégation chinoise a effectué récemment une mission de reconnaissance, histoire de tâter le terrain parmi les 70 start-up israéliennes créées autour du cannabis. L’une d’elle, Syqye, fait un véritable tabac en proposant ce qu’elle présente comme le premier inhalateur de cannabis médical permettant de doser avec précisions ses prises.

Les joints autorisés pour les malades israéliens

Fin prêtes pour se lancer dans l’exportation, plusieurs fermes discrètes et placées sous très haute surveillance cultivent d’ores et déjà de la marijuana pour le marché intérieur. « Nous allons profiter de l’expérience acquise pour proposer un cannabis de très haute qualité cultivé sans le moindre pesticide », assure Zohar Levy patron de Seedo, l’une de ces PME. D’ores et déjà, la production locale assure la consommation de quelque 46.000 malades israéliens autorisés à se procurer des joints sur ordonnance.
Sur le front médical, l’efficacité du cannabis fait désormais l’objet d’un large consensus. La plupart des médecins israéliens spécialisés dans le traitement des douleurs estiment que son utilisation est moins nocive que le recours aux médicaments opiacés massivement utilisés jusqu’à présent, dont certains provoquent de sérieux problèmes d’addiction.
Au nom du principe de précaution, la nouvelle loi prévoit toutefois un contrôle policier tatillon des lieux de production et des laboratoires afin de ne pas prêter le flanc à l’accusation d’encourager l’usage de drogues à des « fins récréatives ». Les fermes productrices obtiendront des permis limités à six mois renouvelables, après enquête. Mais sur ce front aussi, les choses ont commencé à évoluer sérieusement en Israël : les fumeurs de joints « pour le plaisir » ne sont plus poursuivis pénalement depuis l’an dernier. La police ne leur inflige plus que des amendes sauf en cas de multirécidive.

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